Premier août 2035. Les Français se ruent sur les routes pour profiter de leurs sept semaines de congés payés ou pour un week-end prolongé autorisé par la semaine de quatre jours de travail instaurée en 2028. Cela bouchonne sur l’autoroute. Et pourtant, on entend les oiseaux chanter. À l’arrêt, les moteurs électriques se taisent. Seuls quelques antiques modèles essence ou diesel rompent l’harmonie. La plage est encore loin mais les conducteurs sont sereins. Ils savent qu’ils auront assez d’énergie pour arriver à destination. Confiants.
En cet été 2022, peu d’automobilistes croient à un tableau aussi idyllique. À Réseau de transport d’électricité (RTE), le gestionnaire des lignes haute tension en France, on avoue sans ambages qu’il s’agit d’une question qui leur est très souvent posée : “Y aura-t-il assez d’électricité pour alimenter toutes ces voitures qui devront obligatoirement faire le plein sur la route du fait de la capacité limitée des batteries ? ” Les conducteurs font leurs comptes. Les modèles actuels les plus abordables plafonnent à 300 kilomètres d’autonomie. Dès lors, l’électricité sera-t-elle disponible aux étapes obligées ? Et si des milliers de voitures rechargent en même temps, est-ce que la production sera suffisante ? Et combien de temps faudra-t-il pour pouvoir repartir avec le “plein” ? Si les trajets du quotidien sont largement à la portée des capacités des batteries, il n’en est pas de même pour ces longues distances, certes rares – moins de 15 % des déplacements -, mais si importantes pour les familles. Dans la stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports (30 % des émissions nationales, dont plus de la moitié provient des voitures individuelles), c’est un frein mental.
Pourtant, l’électrification du parc automobile est bien en marche. “Nos projections établies sur des chiffres de 2019 envisageaient un scénario dit haut d’un développement rapide nous amenant à plus de 15 millions de voitures électriques en 2035, se souvient Yannick Jacquemart, directeur flexibilité et mobilité électrique chez RTE. Cette tendance optimiste est en fait devenue la plus réaliste ! ” Le décollage est récent. Les modèles électriques et hybrides rechargeables représentaient 3 % des ventes en 2019. Leur part a atteint les 15 % en 2021 et dépassé en avril les 17 % selon l’Avere-France, l’association qui suit le développement de la mobilité électrique dans l’Hexagone. La fin de la commercialisation de véhicules diesel et à essence, prévue pour 2040 selon la stratégie nationale bas carbone (SNBC) du gouvernement, pourrait bien intervenir beaucoup plus tôt. Les ventes de véhicules électriques devraient être supérieures à celles de voitures à essence dès 2030. La tendance est la même au niveau européen. Mais pour Eurelectric, association représentant les intérêts de l’industrie électrique, ce n’est pas un problème : elle estime que le réseau continental pourra accueillir la charge de plus de 100 millions de voitures en 2035.
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