La désaffection à l’égard des partis et des responsables politiques s’est accrue au fil des années, jusqu’à produire une défiance généralisée. Les frustrations et les rancœurs se sont accumulées, puis accélérées dans le contexte récent de la pandémie, de la guerre en Ukraine et des autres menaces pesant sur l’avenir. Cet état d’esprit a favorisé le déni de réalité déjà apparent depuis des années, et l’incapacité de notre société à s’adapter au « nouveau monde ». Les défis à relever étant de plus en plus complexes, et donc difficiles à appréhender par les citoyens, ceux qui leur proposent des solutions simples, voire simplistes, bénéficient d’une audience croissante. C’est le cas des partis extrémistes, qui ont en outre la « chance » de ne pas avoir été au pouvoir, donc de ne pas pouvoir être accusés d’avoir échoué. Ces partis surfent sur les colères et les fractures sociales, créent des polémiques, désignent des boucs-émissaires et proposent des solutions radicales : isoler le pays en fermant ses frontières, y compris aux autres Européens pour les uns; continuer de dépenser sans tenir compte de la situation financière désastreuse du pays pour les autres. Mais ceux qui ont gouverné le pays ne sont pas pour autant exempts de reproches. Ils ont parfois manqué de courage pour alerter sur les difficultés en cours et à venir. Ils ont acheté au prix fort la paix sociale, et n’ont pas mis en œuvre les réformes structurelles nécessaires (efficacité de l’État, lutte contre les inégalités, financement des retraites, changement de comportement en matière de consommation…). Ce phénomène ne concerne pas seulement la France. L’écart de valeurs et de pratiques entre les régimes « démocratiques » et ceux dits « illibéraux » est de plus en plus apparent. Il entretient le doute, le ressentiment et l’irrationalité. Cela pourrait conduire dans les premiers à de graves conflits sociaux si la confiance n’est pas rétablie.
Beaucoup de Français refusent encore de voir que les probables difficultés d’approvisionnement en énergie mais aussi en matières premières et en certains produits alimentaires vont avoir un impact important sur leur confort de vie. Elles ne pourront être résolues sans efforts ou même sacrifices de la part d’une grande partie de la population. La hausse du pouvoir d’achat, pratiquement ininterrompue depuis les années 1960, ne sera plus possible pendant cette période d’adaptation nécessaire, tardive et probablement durable. Cela mettra plus encore en évidence les inégalités entre les « Tranquilles»(ménages aisés qui seront moins affectés que les autres par l’augmentation des prix et la rareté de certains produits) et les « Fragiles », qui les subiront beaucoup plus fortement. Il faudra donc inciter fortement les premiers à faire preuve d’exemplarité et de solidarité, sous peine d’accroître les fractures sociales et de renforcer une « lutte des classes » qui ne cesse de reprendre de la vigueur. Il faudra aussi aider les « Tranquilles » à devenir « Agiles » et « Mobiles », afin qu’ils soient moins affectés par la transition à titre personnel et puissent participer à l’effort collectif.
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