Le vocabulaire a déjà radicalement changé, au point de donner à certains le sentiment qu’on a « changé d’époque ». La « frugalité » est devenue le maître-mot. « Les objectifs ne portent plus sur la croissance à tout va mais sur le retour à la profitabilité, souligne Christian Jorge, serial entrepreneur depuis vingt-deux ans, passé de l’univers du luxe de seconde main (Vestiaire Collective) à l’ alimentation responsable (Omie & Cie) . Les investisseurs ne vous demandent plus quel est votre potentiel de marché mais quand vous serez rentables et comment vous comptez vous y prendre. »

Nouvelles règles d’or ? « Limiter le cash burn et réduire les dépenses pour allonger votre horizon de cash si vous en avez encore. J’ai eu la chance de lever 17 millions d’euros en 2021. Il s’agit de les faire durer », confie Delphine Groll, cofondatrice de Nabla , une medtech spécialisée dans le déploiement de technologies d’intelligence artificielle au profit des organisations de santé. Ancienne skieuse en coupe du monde de slalom, l’ex-chargée de mission au Sport du président Sarkozy s’y connaît en virages. Aujourd’hui, elle « redéploie sa stratégie » dans le but d’« être rentable d’ici dix-huit mois ».

« On est bien obligé de revoir notre focus dans l’espoir d’atteindre une croissance soutenable, approuve avec une humilité nouvelle Jean Moreau. Il s’est attaqué avec réticence à des ajustements au niveau RH – pas la fonction de prédilection de la plupart des jeunes pousses. « On gèle les embauches et on ne remplace pas un départ sur deux. Cela change radicalement la culture d’entreprise. Comment retenir les meilleurs alors que beaucoup nous avaient rejoints, attirés par la croissance rapide ? Sur le fond, je sais qu’il n’était pas sain de grossir autant ces huit dernières années mais cette prise de conscience ne simplifie pas ma prise de décisions difficiles au quotidien ! » D’autant que depuis le départ de son cofondateur Baptiste Corval il y a deux ans, il se retrouve seul à assumer les responsabilités auprès de ses 250 salariés.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr