Le plus gros butin en bitcoins saisi par les autorités américaines était sur un ordinateur caché dans une boîte à pop-corn, sous une pile de serviettes, dans le placard d’une salle de bains. Récupéré par la police il y a un an, il contenait 50.491 bitcoins, soit 3,36 milliards de dollars à l’époque. La police y découvrit aussi quelques lingots d’or et d’argent, ainsi que des casascius, les bitcoins en pièces, des raretés dont la valeur explose puisqu’il n’en existe que 28.000 du fait de l’arrêt de leur production.
Ce butin record, récupéré par la justice en novembre 2011, ne vaut plus aujourd’hui qu’un milliard de dollars car le bitcoin a plongé de 70 % sur les 12 derniers mois. Cet argent provenait de la plateforme Silk Road, le premier grand supermarché de drogues du darknet, dont la monnaie était le bitcoin et qui vit transiter en deux ans (2011-2013), 9,9 millions de bitcoins.

Lessiveuse de cryptos
Ce succès avait attiré James Zhong, qui vient de plaider coupable de fraude électronique. Il n’était pas un des vendeurs du site. En septembre 2012, il y avait ouvert un compte, comme le font tous les utilisateurs désireux de se procurer toutes sortes de drogues. Mais à la différence de ces derniers, il avait trouvé un stratagème pour retirer davantage de bitcoins qu’il n’en avait déposé, selon une technique qui repose sur la rapidité et rappelle le trading haute fréquence (les automates ultrarapides). Un exemple : le 19 septembre 2012, il dépose 500 bitcoins sur son portefeuille sur Silk Road et 5 secondes plus tard, il parvient à effectuer en une seule seconde 5 retraits de 500 bitcoins, ce qui lui permet d’empocher 2.000 bitcoins « gratuits ».

Sans doute grâce à un algorithme ultrarapide et sophistiqué, il a pu exploiter une faille du système de paiement du site en le prenant de vitesse dans sa consolidation des positions des clients. Répétée de nombreuses fois, cette méthode lui permettra d’engranger un butin de plus de 50.000 bitcoins en 5 jours, soit une moyenne de 10.000 par jour. Pour échapper à la traque des autorités, il aura recours ensuite aux « lessiveuses des cryptos », les mixeurs, pour brouiller les pistes. Mais il est impossible de ne commettre aucune erreur en près de dix ans, et les limiers des fédéraux et du fisc ont fini par retrouver sa trace.

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