À court terme, cette résilience se construit dans la résistance qu’auront les destinations face au changement, puis dans leur capacité à évoluer pour s’adapter. À long terme, c’est l’apprentissage de cette auto-organisation qui assurera la performance des acteurs pour absorber les prochaines crises. La résilience à l’échelle d’une destination ne sera efficace que dans une recherche de coopération entre les acteurs pour s’adapter à des évolutions toujours plus complexes. « Une destination basée sur la résilience est une destination d’apprentissage » (Fabry & Zeghni, 2019).

Cette vision est confirmée par l’actualité dans un article de 2020 « Il n’y aura pas de retour au business as usual. Les territoires touristiques doivent donc apprendre à devenir résilients » (Fabry & Zeghni, 2020). Il est nécessaire de limiter les dommages et les pertes potentielles pour en saisir les opportunités et assurer la survie de la destination. Ici, les territoires touristiques sont soumis à des tensions contradictoires et forment des écosystèmes complexes qui nécessitent une prise en compte de toutes les parties prenantes. Du point de vue des auteurs, la littérature admet qu’il est nécessaire de s’orienter vers la coopération mais les études de terrain montrent que cette capacité à interagir communément et de manière constructive est bien plus aléatoire. Les expérimentations sont donc ouvertes. Avec un bel euphémisme, N. Fabry et S. Zeghni concluent : « des signes avant-coureurs laissaient à penser que le secteur du tourisme allait devoir engager des mutations profondes ». Les difficultés du secteur ont certes été un sujet d’actualité pendant la crise mais n’ont pas été révélées. En effet, le secteur était bien au compte des limites qu’il engendrait. Ce besoin de changement se retrouve ainsi dès les années 1980 dans la notion de post-tourisme que nous revisiterons ici à travers une brève lecture de l’actualité.

Le post-tourisme pour concevoir le tourisme demain
D’un point de vue académique, le terme de post-tourisme renvoie à une conception très spécifique des évolutions du tourisme pour représenter l’autonomisation des touristes face à l’industrie touristique (Feifer, 1985). En se basant sur les travaux de deux sociologues (Ury et Viard), A. Condevaux & al. nous présentent deux sens associés au concept:

Un sens littéral pour une réinvention du tourisme (Ury). À travers les transformations de la société, les auteurs font émerger de nouvelles pratiques touristiques pour répondre aux enjeux et aux difficultés que l’activité peut engendrer.
Un sens général dans un processus de transition et de reconversion résidentielle (Viard). Il précise le basculement d’une destination auparavant hautement touristique vers le développement d’une activité plus résidentielle.
Dans les deux cas, il est question d’une rupture qui s’illustrerait dans l’évolution des comportements touristiques (exemple : Quelle hybridation pour le tourisme ?) ou dans la porosité croissante entre des lieux de vies dits « ordinaires » et des lieux touristiques, alors même que la mobilité du voyage continue de s’exercer (Gravari-Barbas & al, 2016).

Dans l’actualité, de nombreux discours présentent l’état latent des activités comme l’opportunité de questionner le futur du tourisme. Le post-tourisme bien que critiqué par une confrontation de termes académiques (hyper-tourisme, trans-tourisme, tourisme post-moderne, après-tourisme, smart tourisme, etc.) reste d’actualité pour caractériser certaines évolutions.

Au sens littéral, la réinvention du tourisme semble être une volonté partagée pour de nombreux acteurs, notamment au regard d’associations qui cristallisent une nouvelle conception concertée des changements à effectuer (À l’image des actions de Respire, le tourisme de demain)
Au sens général, la tendance montre effectivement une porosité (quoi qu’aujourd’hui contrainte) entre les lieux de vie résidentiels et les lieux de vies touristiques avec une orientation portée sur le tourisme de proximité. Ainsi, « la remise en cause de certaines dimensions du tourisme invite à une redécouverte du « proche » et/ou à une recherche de manières alternatives de faire du tourisme » (Condevaux & al, 2016).
Pour conclure, les approches scientifiques du tourisme permettent de conceptualiser les transformations complexes imposées au secteur. Bien qu’elles soient parfois théoriques, elles restent le fruit d’une observation méthodique qui permet un recul nécessaire pour comprendre les mouvements du tourisme. Ici la notion de résilience revisitée au prisme du tourisme témoigne des transformations nécessaires, tout en prenant en compte les difficultés de réalisation sur le terrain. Cependant, à l’image des concepts de post-tourisme, ces transformations prennent part dans des processus que les acteurs n’ont plus la possibilité de maîtriser seuls, tant ils représentent des modifications structurelles majeures des sociétés.

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