On connaissait les deux corps du roi, on découvre le double visage de Carrefour. « Carrefour 2026 est un plan de conquête, sur des marchés marqués notamment par le choc inflationniste et le changement climatique », écrit le PDG Alexandre Bompard dans le communiqué qui annonce ce mardi sa nouvelle feuille de route.

Le distributeur veut s’ériger en bouclier anti-crises, avec un « s », c’est-à-dire capable d’affronter, d’un côté, l’inflation qui rend encore plus nécessaire l’effort sur l’accessibilité prix des produits et, de l’autre, la crise climatique qui exige une alimentation plus saine tout en étant moins carbonée.

40 % de marques propres
Contre la hausse des prix, Carrefour entend développer encore ses marques propres. Elles représentaient 25 % des ventes en 2017, quand Alexandre Bompard a succédé à Georges Plassat. Le premier plan de transformation a porté le ratio à 33 %. Le nouveau vise les 40 %. Le discount passera aussi par l’accélération du format Supeco en Espagne et, grande nouveauté, par l’arrivée du cash and carry brésilien Atacadao dans l’Hexagone. Un test de ce qui doit être un Metro ouvert aux particuliers débutera en Ile-de-France à l’automne 2023.

Les hypermarchés poursuivront leur mue avec une nouvelle réduction de 20 % (après 15 % depuis 2018) des assortiments de produits de grande consommation et de 40 % des références non alimentaires. Carrefour limite le choix pour être plus efficace et applique la méthode dite « Maxi » utilisée au Brésil : gros conditionnements, palettes, premiers prix ». « L’hypermarché est un rempart contre l’inflation, à condition qu’il assume sa vocation populaire », a déclaré mardi Alexandre Bompard devant les journalistes et les analystes. Avec Atacadao et des hypers à la sauce « Maxi », Carrefour refonde sa vocation de discounter. « Notre marque Simpl est 5 % moins chère que les hard-discounters », affirme le PDG.

Un nouveau plan d’économies de 4 milliards à l’horizon 2026 dégagera les moyens d’investir dans les tarifs. Il s’agira d’utiliser les outils digitaux pour créer un genre de plateforme européenne de gestion. Les sièges des filiales étrangères seront plus petits. Les fonctions centrales seront centralisées ou partagées. La création récente de la centrale d’achats Eureca, qui est située en Espagne mais opère pour toute l’Europe, a lancé le mouvement. Alexandre Bompard annonce « des réductions d’effectifs significatives dans les sièges, y compris en France, d’ici à quelques mois ».

4,5 millions de panneaux photovoltaïques
La réduction de 20 % de la consommation d’énergie et la couverture, avec un partenaire à sélectionner, de 4,5 millions de mètres carrés de parkings avec des panneaux photovoltaïques participera de cette sobriété des coûts. Comme de la volonté du groupe de répondre à l’ambition de lutte contre le réchauffement climatique. Dans cet ordre d’idées, Carrefour exigera que ses 100 premiers fournisseurs s’engagent eux aussi sur la trajectoire permettant de limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré. « Ils ne sont que 27 % à servir cette exigence », a expliqué Carine Kraus, directrice engagement du groupe. La sanction du déréférencement – « dans un processus juridique très encadré » – tombera en 2026 pour les industriels qui n’auront pas répondu aux objectifs.

Les ambitions en matière d’e-commerce (10 milliards de volumes d’affaires en 2026) ont déjà été données et sont confirmées. Pour le « retail media », Carrefour Links créera une coentreprise avec les entités spécialisées de Publicis afin de rayonner au niveau mondial. Aux Etats-Unis, les annonceurs de la consommation dépensent déjà plus dans le « retail media » qu’à la télévision.

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