« Le terme métavers n’as pas été inventé par Mark Zuckerberg mais provient du roman Samouraï virtuel de Neal Stephenson », a rappelé justement Catherine Lejealle, Enseignant chercheur en Marketing Digital à l’ISC Paris, en ouverture du colloque « Hôtellerie & Métavers : Evolution ou Révolution ? » organisé par Food Hotel Tech et l’IREST qui s’est tenu il y a quelques jours à la Sorbonne. Selon elle, cet univers immersif, persistant et social sera disruptif…dans le futur. Pour le moment, de nombreux freins subsistent, notamment dans l’interopérabilité entre les différentes plateformes (Fortnite, Altspace VR, The Sandbox, Cryptovexels, Horizon Worlds, etc.) et dans les performances techniques (les avatars dans Horizons de Meta n’ont toujours pas de jambes).

Plusieurs marques se sont néanmoins appropriées le métavers pour y réaliser des expérimentations. C’est le cas de Gucci et de sa boutique virtuelle dans The Roblox, de Zara qui a lancé sa « méta collection » dans Zepeto, de Mr Propre et Carrefour qui ont créé un mini-jeu avec l’aide de Procter & Gamble. « Après l’ère du web-to-store, nous entrons dans l’ère du métavers-to-store », a déclaré Catherine Lejealle. Le métavers sera un moyen pour les marques de se promouvoir, comme elles l’ont fait sur Facebook ou Instagram auparavant. Les expériences proposées permettent de fidéliser et d’engager les utilisateurs.

Une idée complétée par Rémy Bompar, Strategy & Operations Managers chez The Sandbox lors d’une table-ronde : « Chez nous, Gucci vient travailler son image de marque dans un environnement gamifié ». Selon lui, la question de la sécurité va être clé dans l’adoption massive du métavers. « Le « gaming » reste l’expérience la plus rentable aujourd’hui. A court terme, nous n’aurons pas besoin de casques de réalité virtuelle. Nous privilégions le desktop », a-t-il ajouté.

Des balbutiements dans l’hôtellerie
Dans le secteur du tourisme et plus particulièrement de l’hôtellerie, peu d’entreprises se sont lancées dans l’aventure. Accor et Louvre Hotels Group en font partie. « Nous en sommes encore aux balbutiements. Des freins en termes d’ergonomie, d’usage lié aux casques et à la stabilité Wi-Fi sont encore bien présents », a expliqué Pauline Oster, Directrice des Opérations en Management chez Accor.

Sans rentrer dans le concret, les deux entités affirment que le métavers va permettre de créer une expérience de marque. « Je pense que cela n’a pas de sens de vendre des chambres dans le métavers. En revanche, il est possible de gamifier l’expérience en proposant des quêtes par exemple », a illustré Nicolas Paepegaey, Chief Transformation Officer chez Louvre Hotels Group.

Une idée partagée par la représentante d’Accor : « Le métavers va transcender l’expérience client ». Selon elle, le secteur du MICE pourra y trouver un intérêt, notamment dans la tenue de réunions ou d’évènements. Le Comex d’Accor s’est d’ailleurs retrouvé dans la plateforme Workplace de Meta. En revanche, elle ne pense pas que la visite de chambres avant séjour séduira les utilisateurs.

Le métavers semble donc avoir de l’attrait pour les grandes entreprises de l’hôtellerie, mais le temps n’est qu’aux expérimentations et peu de cas concrets existent aujourd’hui. Il faut dire que tout cela a un coût : selon Rémy Bompar, il faut débourser actuellement entre 20 à 40 000 euros pour l’achat d’une « land » (une parcelle de terre virtuelle) dans The Sandbox. Comme l’a justement rappelé Nicolas Joly, Head Casino Immobilier du Groupe Casino, pendant le colloque : « Beaucoup de lumière a été faite sur le métavers et on lui demande d’évoluer vite, mais tout cela prendra du temps ». 

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