Les deux enseignes de distribution reprochent au groupe Bacardi-Martini d’avoir baissé le degré d’alcool du Get27 pour payer moins de cotisations à la Sécurité sociale sans faire baisser le prix des bouteilles

C’est un coup dur pour le groupe Bacardi-Martini. À l’approche des fêtes de fin d’année, les bouteilles de Get27 ont disparu des rayons des magasins Carrefour et Système U. Un désaccord qui dure depuis plusieurs semaines, alors que les ventes de cette boisson alcoolisée à la menthe avaient connu une progression de 2,8 % sur un an en novembre.

1. Un degré d’alcool en baisse
C’est le site spécialisé Rayon Boissons qui détaille le conflit. À l’origine, le groupe Bacardi-Martini décide de baisser le degré d’alcool contenu dans ses bouteilles de Get27, pour le faire passer de 21 à 17,9 %. Ce dernier chiffre n’est pas anodin. Il permet de passer juste en dessous du seuil de 18 % à partir duquel les cotisations à la sécurité sociale augmentent pour les boissons alcoolisées.
En effet, chaque fabricant doit verser 579,96 euros par hectolitre d’alcool pur pour les boissons qui contiennent plus de 18 % d’alcool. En dessous de ce chiffre, la cotisation passe à 48,97 euros par hectolitre. De quoi motiver les fabricants à sacrifier quelques degrés pour faire de larges économies.

2. Les raisons du conflit
Face à cette situation, les magasins Carrefour et Système U ont alors demandé à Bacardi-Martini de répercuter leurs économies sur le prix de la bouteille. Des négociations ont eu lien entre les différentes parties, mais sans parvenir à un accord.
En septembre, le site Rayon Boissons calculait que cette baisse du degré d’alcool entraînait une économie de 78 centimes hors TVA par bouteille pour le fabricant. Devant le refus de Bacardi-Martini de baisser ses prix, les deux chaînes de grande distribution ont donc pris la mesure radicale de retirer les bouteilles de la célèbre liqueur de menthe de leurs rayons.

3. Des précédents
En 2012, une nouvelle taxation des spiritueux est instaurée par le gouvernement de l’époque. Elle doit permettre de dégager environ 340 millions d’euros en taxant plus sévèrement les produits les plus forts, avec des hausses allant jusqu’à 1 euro par bouteille. Elle prévoit, notamment, une part dédiée à la sécurité sociale, qui est proportionnelle au degré d’alcool.
Depuis, plusieurs marques ont décidé de changer leur recette pour échapper ou minimiser l’impact de cette nouvelle taxation. La marque Malibu n’a mis que quelques mois à passer en dessous du seuil de 18 %. Les marques Soho, Passoa, Pisang Ambon ont suivi peu de temps après.
Et, cette année, la liqueur au café Kahlua, du groupe Pernod Ricard France, a fait le même choix, passant de 20 à 16 %, mais en réduisant le prix des bouteilles de près de 1 euro. Plus récemment encore, ce sont les bouteilles d’Aperol qui ont connu une baisse de leur degré d’alcool, pour passer de 15 à 12,5 %. Un chiffre qui, une nouvelle fois, n’est pas anodin, mais pour d’autres raisons. Il reste au-dessus de la barre des 12 %, sous lequel les boissons alcoolisées basculent dans la catégorie des prémix (entre 1,2 % et 12 % d’alcool), elles aussi fortement taxées.

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