Fraudes aux aides agricoles européennes, cheptels fictifs, vaches errantes ou porteuses de la tuberculose bovine : les bovins corses vont être équipés d’une puce électronique inviolable pour les identifier

La Corse « est la seule région » de France « où le « Bolus » sera obligatoire pour obtenir, dès octobre 2023, l’aide animale » dans le cadre de la Politique agricole commune (Europe), précise Pierre Bessin, directeur de la Draaf de Corse.

Cette puce « rendra beaucoup plus difficile la fraude et les élevages fictifs », assure la Draaf, en précisant que « cette opération de réidentification de l’ensemble du cheptel bovin en Corse » permettra aussi « une traçabilité sanitaire des troupeaux, dans une île où la tuberculose bovine circule ».

Obligatoire pour l’abattoir
Cette identification individuelle de chaque animal par puce électronique («Bolus »), dont le coût (1,7 euro hors taxe par bête) et la mise en place sont pour le moment intégralement pris en charge par l’Etat, « conditionnera également d’ici 2024 ou 2025 l’attribution de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) », une autre aide agricole européenne. Et elle sera obligatoire pour amener ses bêtes à l’abattoir, a précisé Lia Bastianelli, cheffe du projet Bolus à la Draaf de Corse.
Parmi les premières volontaires, pour cette vaste opération entamée le 1er décembre à travers l’île méditerranéenne, les bêtes d’André Olivesi, à Petreto-Bicchisano (Corse-du-Sud). « Ça montre la sincérité de notre exploitation. On verra qu’il y a un suivi » et que notre troupeau « existe » bien, explique Antoine Olivesi, son frère, en référence aux affaires judiciaires de fraudes aux aides de la Politique agricole commune (PAC) qu’a connu l’île.
Conduites une à une dans un couloir fait de rondins de bois pour les immobiliser à l’entrée du pré, les bêtes d’André et Antoine Olivesi se retrouvent face à Jo Galezi, technicien à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Le « Bolus » est placé « dans le rumen, le premier estomac de la vache », et il va « rester là à vie, dans l’animal », poursuit celui qui va superviser l’opération sur les « quelque 20 000 bovins répartis sur 430 élevages que compte la Corse-du-Sud ».

8 % de refus
Pour l’heure, seuls 8 % des éleveurs concernés ont refusé. Fin octobre, la chambre d’agriculture de Haute-Corse et le syndicat agricole FDSEA 2B ont critiqué l’imposition du bolus, lors d’une conférence de presse, préférant un système alternatif, selon eux, plus fiable et « garant du bien-être animal ».

Au total, la production corse de cheptel et de viande (bovins, ovins, caprins, porcins, poulets) représente 10 % des 256 millions d’euros de la production agricole totale en Corse, tirée par la production végétale (80 %) et notamment le vin et les fruits.
À elle seule, « la filière bovine capte 40 % des aides publiques, et le nombre d’éleveurs a explosé, passant de 900 en 2015 à 1 200 aujourd’hui, avec une production qui pourtant ne cesse de décroître », avait souligné en mai 2021 Sabine Hofferer, la précédente Draaf de Corse, qui a travaillé à la mise en place de ces Bolus.

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