Traducteur, illustrateur, développeur, journaliste, scénariste… Tous ces métiers peuvent déjà s’appuyer sur l’intelligence artificielle. Tour d’horizon des usages.
Traduction
Les outils de traduction automatique ont fait beaucoup de progrès. Google Translate et Bing Translator, de Microsoft, proposent ainsi des traductions automatiques assez fiables dans une centaine de langues. Limitée aujourd’hui à 29 langues, leur concurrent Deepl, une société spécialisée allemande, revendique le titre de « traducteur automatique le plus précis et le plus subtil au monde. »
Des progrès restent à faire dans les langues moins utilisées. Google a lancé cet automne un nouveau projet appelé « 1.000 Languages Initiative », pour couvrir un millier d’idiomes. De son côté, Meta travaille notamment depuis février sur un système de traduction universel en temps réel, qui fonctionne y compris avec les langues non adossées à un système écrit.
Ecriture de textes sous différents formats
Le site spécialisé Futurepedia.io référence 186 services différents de génération de texte s’appuyant sur l’IA. Le plus célèbre est ChatGPT, l’interface de dialogue développée par la start-up OpenAI, qui s’appuie sur le puissant réseau de neurone GPT-3.5. D’autres services sont très performants, comme Jasper.ai ou Rytr.me.
Récemment mise à disposition du public, ChatGPT permet de produire à la demande tout type de texte – article, communiqué, fiction… -, de résumer des contenus ou de fournir des idées pour un plan. Ses résultats sont bluffants . Mais ses réponses contiennent le plus souvent des erreurs et sont parfois obsolètes, les données de base de l’algorithme s’arrêtant à 2021. Elles peuvent aussi être biaisées.
« Cela reste une retranscription assez scolaire de réflexions déjà disponibles sur Internet », ajoute Kati Bremme, la directrice de l’innovation et de la prospective chez France Télévisions. ChatGPT ne peut pas encore rédiger un billet d’humeur à la place de son auteur, le chroniqueur de 01Net et Radio Classique, David Abiker, en a fait l’expérience. « Le dosage, la sensibilité, la mauvaise foi… On ne peut pas déléguer cela à une IA, » témoigne-t-il.
Pas question de remplacer les journalistes, donc. Sauf, comme c’est déjà le cas, sur des brèves factuelles automatisables, comme France Télévisions l’a fait avec les résultats des élections régionales. Microsoft génère aussi des textes par l’IA pour les résultats de matchs de NBA.
Aide au scénario
La créativité reste-t-elle l’apanage des humains ? L’IA propose en tout cas aux scénaristes en mal d’inspiration des « intrigues » et autres « histoires créatives », qui font partie des cas d’usage respectivement mis en avant par Rytr.me et Jasper.ai.
L’algorithme GPT-3 d’Open AI soutient de son côté le service AI Dungeon, spécialisé dans les univers de science-fiction, sur lequel il suffit de sélectionner un genre (fantasy, apocalypse, zombies etc.), un type de personnage (survivant, soldat ou scientifique) et de taper le nom du personnage principal pour se voir proposer une épopée inédite.
« Sur tout ce qui est créatif, le robot peut être assez puissant, car il se nourrit de beaucoup de références », souligne Benoît Raphaël, le fondateur de la newsletter personnalisée par l’IA, Flint.
Recherche d’information et « fact-checking »
A mi-chemin entre Wikipédia et Google, ChatGPT peut jouer le rôle de moteur de recherche. A tel point que Google s’en inquiète. Pour l’instant, cette utilisation reste limitée par le fait que l’algorithme n’est pas à jour des informations postérieures à 2021 et qu’il n’indique pas ses sources.
Capables d’analyser automatiquement de grandes quantités d’images et de sons, l’IA peut aussi servir à repérer des « deepfakes », ces vidéos truquées… par l’IA. La cellule de fact-cheking de France Télévisions, « Les Révélateurs », s’appuie ainsi sur l’IA pour vérifier les images et vidéos modifiées ou manipulées.
Création d’images
Dall-e, développé par Open AI, mais aussi Jasper Art, Midjourney ou Stable diffusion, ces outils conçoivent des images originales à la demande, en entrant comme requête une simple description. « Ils peuvent faire économiser de l’argent à ceux qui passaient par des banques d’images », note Benoît Raphaël. A titre d’expérience, le magazine «T», du journal suisse « Le Temps », a publié cet automne un numéro dont 95 % des visuels ont été créés par des algorithmes. Les images produites par l’IA peuvent aussi servir de source d’inspiration à des illustrateurs par exemple.
Ecriture de lignes de code
Entraîné sur des milliards de lignes de codes, le système d’Open AI, Codex, maîtrise une douzaine de langues de programmation. Des applications basées sur celui-ci, comme Github Copilot, permettent de générer de codes en tapant des requêtes en anglais. Attention aux bugs, car, comme pour les textes générés par l’IA, les réponses peuvent contenir des erreurs. Les développeurs peuvent donc s’appuyer sur ces outils pour aller plus vite, mais la phase de révision demeure indispensable.
Transcription de l’audio vers l’écrit… et inversement
Les chaînes européennes du service public européen, rassemblées au sein de l’European Broadcasting Union (EBU), ont lancé une initiative commune, Eurovox, pour capter le son des vidéos et les sous-titrer automatiquement. En France, France Télévisions, qui a testé l’outil sur le direct de France Info, et l’INA l’utilisent pour leur besoin de transcription, à des fins d’accessibilité.
De nombreux outils de retranscription à partir d’enregistrements vocaux – réunion, interview… – existent également, comme Otter.ai ou tout simplement Google, qui propose son service « speech to text ». L’IA sait aussi faire l’inverse, et transformer des textes en contenus audio. L’application « La Matinale » du Monde le propose depuis novembre avec le soutien de Microsoft.
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