Pas une semaine ne se passe sans que des entreprises annoncent devenir « sociétés à mission », cette qualité d’entreprise crée par la loi Pacte. Ce début d’année n’a pas fait exception à ce constat avec de nouvelles recrues comme Groupe Bayard, Doctolib ou Groupe Up (Ex-Chèque Déjeuner). Ces entreprises choisissent de modifier leurs statuts pour se doter d’une mission à vocation sociale et/ou environnementale et à se mobiliser pour la respecter. Elles rejoignent ainsi une communauté qui a franchi le cap des 1.000 membres, selon le décompte de l’Observatoire dédié.

« En un an ce chiffre a doublé et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », se réjouit Anne Mollet, directrice générale de la communauté des entreprises à mission. « Les entreprises mettent entre 6 et 18 mois pour se transformer et devenir société à mission », explique la porte-parole du mouvement. « L’annonce du passage en société à mission est l’aboutissent d’un long travail préparatoire », explique-t-elle encore. Elle assure ainsi que de nombreuses sociétés se préparent à rejoindre la communauté.
Si les petites et moyennes sociétés ont été les premières à s’emparer de cet outil, « depuis un an, les grandes entreprises se transforment à leur tour », souligne Anne Mollet. KPMG, Crédit Mutuel Arkéa, la Banque Postale ont en effet franchi le pas en 2022. Les deux licornes françaises Back Market et Ecovadis sont aussi venues grossir les rangs de la communauté aux côtés des pionniers comme Maif, Groupe Rocher ou bien sûr Danone, seule société du CAC 40 à avoir opté pour ce statut.

Entreprises à mission, partage de la valeur : les timides avancées de la loi Pacte

Mais les grands groupes restent encore minoritaires puisqu’ils représentent environ 2 % du tissu des entreprises à mission et les ETI occupent 8 % de la communauté. Les PME de moins de 50 salariés restent donc encore majoritaires (80 %). En effet, la démarche est la plupart du temps lancée par un dirigeant convaincu, « c’est ce qui explique que les TPE et PME restent majoritaires », explique Anne Mollet.

Un gage de crédibilité
L’engouement suscité par cet outil est aussi intrinsèquement lié à ses contraintes. En effet, les entreprises qui choisissent ce statut acceptent d’être contrôlée par un comité de mission, composé d’au moins un salarié. Un organisme tiers indépendant audite ensuite la démarche. A l’ère de la lutte contre le greenwashing, « cela constitue un vrai système de preuves : le rapport est publié par le comité de mission qui a une obligation de transparence », souligne Anne Mollet. « C’est un gage de crédibilité », martèle-t-elle

Mais le degré d’engagement de l’entreprise dépend aussi de la qualité de sa mission. Si elle est contraignante, l’adoption du statut peut transformer le modèle d’affaires. Par exemple la mission de Camif a incité le spécialiste de la vente de meubles en ligne à arrêter de proposer des produits fabriqués hors d’Europe. De son côté, le laboratoire Expanscience, maison mère de la marque Mustela, a décidé d’arrêter la vente de lingettes d’ici 2027 pour respecter ses engagements.

Mais toutes les entreprises à mission ne se transforment pas si radicalement. Il y a même « un risque de ‘purpose bashing’ avec des entreprises qui se fixent des objectifs peu ambitieux voire déjà atteints », alerte Yaël Guillon, cofondateur du cabinet de conseil Imfusio. « Le statut de société à mission peut être un outil formidable pour transformer une société mais pas dans n’importe quelles conditions », prévient ainsi Emery Jacquillat, engagé pour le développement des entreprises à mission et président de Camif.

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