Les adieux dureront plusieurs années comme il se doit pour une étoile des rayons et de l’industrie. Le code à barres disparaîtra des emballages de pâtes, de gâteaux ou des bouteilles de jus de fruits en 2027. Le symbole aux 24 barres qui représentent les 13 chiffres identifiant chaque produit d’un supermarché comme les pièces détachées de l’industrie sera remplacé par un QR Code, pas n’importe lequel, un QR Code « augmenté ».
Ainsi l’ont décidé les dirigeants de Global Standard 1, GS1 en abrégé, qui fête ses 50 ans. Derrière ce nom qui évoque le film « Matrix » ou UniOrd, l’ordinateur qui contrôle le monde de « Un bonheur insoutenable », le roman de science-fiction d’Ira Levin, se cache une association de droit belge qui réunit 150 pays et 57.000 adhérents issus de la distribution, de l’industrie, de l’e-commerce ou de la logistique. La branche française a la forme d’une société anonyme sans but lucratif. Les artisans paient leur adhésion 80 euros, les multinationales comme Carrefour ou L’Oréal plusieurs dizaines de milliers.
Le langage du commerce
Du petit viticulteur au géant de la cosmétique, tous ne demandent qu’une chose à GS1 : la création d’un code pour chacun de leur produit, un code qui se lira en Europe, en Amérique comme en Asie, de la ligne de fabrication aux gondoles des magasins, des conteneurs des cargos aux camions de la chaîne logistique. GS1 estime à environ 1 milliard le nombre de codes en vigueur dans le monde.
La ligne de 24 barres a été inventée sur une plage de Miami en 1948 par l’ingénieur Joe Woodland, diplômé du Drexel Institute of Technology. Avec son collègue Bob Silver, il répondait à la commande d’une petite chaîne de magasins d’alimentation qui souhaitait l’identification de chaque article. Il a imaginé un code et cherché son moyen de lecture par un appareil optique. Il plante les cinq doigts d’une main dans le sable et dessine cinq traits. L’idée a germé, comme le raconte feu Pierre Georget, ancien directeur général de GS1 France, dans sa somme « Code à barres, quand le commerce invente son langage » (Berg International).
Aux Etats-Unis, à la sortie de la guerre, le libre-service supplante l’épicerie de quartier. Le code à barres fait florès. Il est dépassé aujourd’hui par les exigences de l’économie durable. L’inventaire ne suffit plus. « Les marques sont entrées dans l’ère circulaire, explique Didier Veloso, PDG de GS1 France, ancien de chez Unilever et Nestlé. Elles ont besoin de transmettre beaucoup d’informations sur la composition du produit, sa traçabilité, afin de faciliter son recyclage ».
Le QR Code offre cette possibilité, et bien d’autres. Le petit carré a été inventé dans les années 1990 par Masahiro Hara, un ingénieur japonais auquel Toyota avait demandé un système plus riche en informations que le code à barres pour les composants de ses voitures. Avec lui, le lecteur optique passe d’une à deux dimensions. GS1 propose même une version augmentée du QR Code traditionnel.
Le QR Code augmenté contiendra les 13 chiffres d’identification du produit. Ils seront inscrits sous le carré comme aujourd’hui sous le code-barres, ce qui permettra le passage en caisse quand l’icône est abîmée. Il indiquera au moins deux informations de plus : le numéro du lot et la date de péremption. L’identification du lot facilitera le retrait des rayons pour un motif sanitaire ou de sécurité.
« L’intérêt du nouveau code, détaille Xavier Barras, directeur des opérations de GS1 France, réside dans sa faculté d’être lu par les professionnels avec un lecteur spécifique, pour les informations qui les intéressent, mais aussi par les particuliers qui accèdent ainsi à Internet, comme lorsque l’on scanne le QR Code du menu d’un restaurant. » Avec le Web, le remplaçant du code-barres prend une nouvelle dimension.
Notice de montage
Le client connaîtra la composition du produit, son mode d’emploi, sa notice de montage si c’est une étagère Ikea, ainsi que son origine – pour une viande, par exemple, l’abattoir, l’éleveur, jusqu’au pré dans lequel la vache paissait. Le QR Code servira de clé d’entrée à la blockchain sur laquelle de plus en plus de données sont enregistrées. La profondeur de l’information dépendra de ce que l’entreprise entendra fournir ou pourra fournir.
« Pour le recyclage, la seconde vie ou le traitement des déchets , c’est très important. Aujourd’hui, quelqu’un qui traite des déchets, des emballages par exemple, ne sait pas quelle est leur composition exacte. C’est aussi le cas pour les batteries », insiste Didier Veloso qui rappelle que le passage du code-barres au QR Code s’inscrit dans la volonté de la Commission européenne de lancer le « passeport digital » des produits en 2026.
D’aujourd’hui à 2027, le code-barres et le QR Code cohabiteront. Si la plupart des lecteurs lisent les deux, certains systèmes d’encaissement devront être changés. En France, L’Oréal et Decathlon sont déjà au carré.
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