La jeune pousse française NepTech souhaite démocratiser la mobilité sur les voies fluviales et maritimes. Selon elle, l’objectif est double : décongestionner les réseaux terrestres et accélérer la transition écologique du secteur. A quelques mois des Jeux Olympiques 2024, l’enjeu est de penser à un modèle pérenne pour les transports de passagers sur l’eau. Entretien avec Tanguy Goetz, CEO et co-fondateur de NepTech.

Pouvez-vous revenir sur le concept de NepTech et vos dernières actualités ?

Tanguy Goetz, CEO et co-fondateur de NepTech. 
Chez NepTech, nous concevons des bateaux utilisés comme mode de transport touristique à passage régulier, comme des bus maritimes ou fluviaux. Nos navires mesurent entre 12 et 24 mètres et peuvent transporter jusqu’à 200 personnes. Ils sont 0 émission et fonctionnent par propulsion électrique. Ce sont également des navires « performants », c’est-à-dire qu’ils sont capables de réduire leurs besoins énergétiques tout en ayant la même performance opérationnelle que des bateaux classiques. Ce point est un élément clé si nous souhaitons inciter les exploitants à verdir les flottes sans impact sur leur modèle économique. Enfin, chaque navire est modulable et s’adapte à la capacité de passagers transportés grâce à une plateforme commune modulaire.
Nous venons de lever 1,2 millions d’euros afin d’accélérer le déploiement de nos navires au niveau commercial et d’investir dans la R&D afin de travailler sur notre technologie de rupture. C’est cette technologie à base d’injection d’air qui va permettre au navire de glisser sur l’eau et de réduire les besoins énergétiques du navire. En parallèle, si nous restons concentrer sur la France pour le moment nous allons très vite nous internationaliser au niveau européen, notamment dans le sud et au nord.

Peut-on parler de navire autonome ?

Nous ne parlons pas de bateau autonome mais d’aide au pilotage. Nos navires vont être capables d’être dans l’anticipation, d’amarrer automatiquement…L’action humaine va être limitée et cela va nous permettre de s’affranchir d’un ou deux membres de l’équipage. On ne parle pas de bateau autonome aujourd’hui car sur le plan réglementaire nous n’y sommes pas du tout, notamment concernant le transports de passagers. Cela se fera peut-être dans 10 ans mais il commencera avec le transport de marchandises. Ce n’est plus une question de maturité technologique mais de réglementation.

La mobilité fluviale/maritime reste-t-elle inexploitée en France ? L’échéance des Jeux Olympiques de Paris 2024 va-t-elle être un accélérateur ?

Nous sommes convaincus que le potentiel des voies d’eau est très fort. Toutes les grandes métropoles ont d’ailleurs été construites autour d’une voie d’eau qui autrefois était exploitée pour le transport de marchandises ou de passagers. Aujourd’hui, c’est moins le cas avec les réseaux de transports terrestres mais ils sont totalement saturés. Nous souhaitons remettre les voies d’eau au centre de la mobilité et faire cela de façon durable. De plus en plus de villes mènent des travaux sur le transport maritime ou fluviale comme Lyon, Toulon ou Lorient.
Pour les Jeux Olympiques de 2024, les défis à relever concerneront surtout les villes où il y a des épreuves, notamment Paris et Marseille. Nous avons récemment remporté un appel à projet pour la mobilité et nous allons mettre à disposition nos navires pour la cérémonie d’ouverture. Ce qui est important maintenant est de savoir ce que l’on fait après les JO. Il ne faut pas perdre de vue cette question d’héritage. Certes il y a une échéance pour un grand événement, mais comment fait-on pour pérenniser le modèle économique et l’usage de ces navires ?  A Paris, l’usage des bateaux est principalement touristique à cause du manque de desserte et de la vitesse limitée à 12km/h pour éviter la formation de vagues et ne pas perturber les péniches d’habitation ou ne pas endommager les berges. A cette vitesse, démocratiser ces bateaux pour en faire un transport de masse est impossible. Le temps de trajet doit être amélioré et c’est pourquoi nous travaillons sur la réduction de la friction entre l’eau et le navire afin de réduire la génération de vagues. Je reste convaincu que la mobilité fluviale et maritime peut être une bonne alternative sur des axes mal desservis, mais le chemin est encore long si l’on souhaite créer un réseau pérenne.

A cela s’ajoute le défi de la transition écologique. Le secteur est-il mobilisé sur la question ?

Il y a une vraie mobilisation du secteur sur la question, portée par des acteurs publics comme le Ministère de la mer. Les pouvoirs publics se mobilisent sur le sujet et il est vrai que le maritime est plutôt en retard par rapport à d’autres types de mobilités mais c’est encore pire pour le fluvial. Depuis 1 ou 2 ans, on observe néanmoins un changement de paradigme et certains acteurs font bouger les lignes. Les contraintes législatives imposées au niveau européen ou par les collectivités poussent de toute façon les exploitants à accélérer le verdissement de leur flotte.

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