Les pyramides de Ponzi ont causé 5,3 milliards de dollars de pertes aux Etats-Unis en 2022. Elles sont au plus haut depuis Bernard Madoff , dont l’arnaque rendue publique en 2008 avait causé 17,3 milliards de dollars de pertes. Il avait établi le record mondial pour cette escroquerie révélée trois mois après la faillite de Lehman Brothers, en pleine crise financière.

Quand les marchés chutent (actions, obligations, cryptos…), comme ce fut le cas l’an dernier, les investisseurs sont plus méfiants sur les rendements stratosphériques vantés par les escrocs. Lorsqu’ils demandent à récupérer leur argent, ils se rendent compte de la fraude : les intérêts versés proviennent des comptes d’autres clients et pas d’un rendement obtenu par une gestion ou stratégie de trading performante. Les victimes espèrent que les efforts de la justice (saisie des biens et des comptes des escrocs) vont leur permettre de récupérer une partie de leur argent. Mais dans le cas de Madoff, les investisseurs qui avaient retiré leurs avoirs à temps, avant l’effondrement, ont dû rendre les profits pour indemniser les victimes.

En 2022, 57 pyramides de Ponzi, soit une par semaine, ont été démantelées outre-Atlantique ; c’est 70 % de plus qu’en 2021, selon le bilan établi par Jordan Maglich , avocat chez Raymond James. Les pertes ont bondi de 40 % par rapport aux 3,8 milliards de dollars en 2021. Après une baisse ponctuelle de ce type d’escroquerie liée à la pandémie de Covid-19, les pyramides de Ponzi ont augmenté. Dans 9 cas sur 10, les escrocs étaient des hommes. Ils opèrent dans des Etats comme la Floride, New York et la Californie, où ils ciblent notamment les retraités aisés.

In vino veritas
Dans la seconde partie de l’année, des pyramides de Ponzi importantes opérant sur les cryptos, comme Forsage (300 millions de dollars) et Trade Coin Club (295 millions), ont été démantelées. Les investisseurs trop crédules ou avides de rendement ont subi près de 2 milliards de pertes supplémentaires.

Parfois, ils pensaient allier rendement et plaisir. Des investisseurs, surtout américains, avaient ainsi injecté près de 100 millions de dollars dans le fonds de Stephen Burton et Andrew Fuller. L’argent collecté était censé être prêté à des collectionneurs de vin à des taux élevés et avec une garantie d’être remboursé, puisque les emprunteurs disposaient de caves abritant des crus parmi les plus rares et les plus chers, la romanée-conti faisant prétendument office de collatéral. Dans un marché spéculatif du vin en hausse, l’affaire devait rapporter gros à tout le monde. Mais ce sont surtout les deux gérants qui ont gagné de l’argent. Stephen Burton a quitté le pays à sa sortie de prison pour blanchiment. Andrew Fuller est toujours emprisonné au Royaume-Uni et devait être extradé vers les Etats-Unis avec une lourde peine à la clé.

Arnaque à Hollywood
Zachary Joseph Horwitz est l’escroc qui a écopé d’une des plus lourdes peines de prison, vingt ans. Il avait orchestré une arnaque financière record pour Hollywood (690 millions de dollars). Il promettait 35 % de rendement à des investisseurs qui pensaient avoir acheté les droits de films devant être distribués par Netflix et HBO. Arrêté en 2021, l’escroc a détourné une partie de l’argent et doit rembourser une somme phénoménale, plus de 230 millions de dollars. Les auteurs de pyramides de Ponzi ont écopé en moyenne de onze années derrière les barreaux. C’est la politique de la tolérance zéro qui prévaut dans les tribunaux américains. Car ces arnaques affectent la confiance des épargnants : dans le sillage de la révélation de l’affaire Madoff, les particuliers des villes (Miami, Boston, New York) et des régions avec une forte concentration de victimes ont retiré leur argent à leurs gérants de fortune pour le mettre à l’abri dans une banque, un moindre mal selon eux.

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