Une explication plus qualitative et modulable, en regard des situations professionnelles et personnelles de chacun, pourrait éclairer les raisons pour lesquelles des individus sont sur la défensive concernant l’allongement du temps de travail.

Rallonger le temps professionnel, c’est octroyer au « travail », dans son sens le plus étymologique, l’espace d’un « temps de vie ». Ce temps de vie, choisi, autonomisé en regard des contraintes vécues, raconte aussi « le temps qui reste », lequel – couplé au vieillissement – peut être celui du plaisir comme de la peur, de l’amenuisement de sa force physique et de sa santé, de la solitude, de la dépendance et au final de la mort.

Prélever deux ou trois années de ce temps de vie non professionnel, c’est non seulement en occulter les effets émotionnels, mais aussi imposer un système de réification dans lequel chacun a du mal à se sentir reconnu et singularisé.

C’est mettre chacun devant un fait accompli, sans offrir – sauf compensations chiffrées pas toujours clairement établies – de réels bénéfices perceptibles, plus sensibles, reconnaissant la complexité et les potentiels immenses de l’être humain.

Sans remettre en doute la nécessité économique et sociale de procéder à une réforme liée à l’allongement de la durée de la vie – si ce n’est de la santé, ce qui n’est pas le cas pour tous -, c’est la manière technocratique, froide et rationnelle d’énoncer un changement de cet ordre, qui pose question.

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