Sans céder à la panique, les fleurons de French Tech qui ont besoin d’argent frais pour poursuivre leurs activités et assurer leur développement ont du souci à se faire. La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), qui s’était spécialisée dans le financement des start-up et qui était devenue la 16ème banque américaine par la taille des actifs, a provoqué un vent de panique aux Etats-Unis et sur les bourses étrangères. En une semaine, les valorisations de Société Générale et BNP Paribas ont reculé de plus de 12% alors que le Crédit Agricole limitait les dégâts avec un repli de 7%. Ces baisses peuvent paraître étonnantes car la Banque de France a assuré, cette semaine, que « les établissements financiers françaiss ne sont pas exposées » à la chute de SVB. Bruno Lemaire, a, lui aussi, jugé qu’il ne voyait « pas de risque de contagion » et qu’il n’avait, en conséquence, aucune intention de lancer une « alerte spécifique ». Le ministre de l’économie a notamment salué le « ratio de liquidités élevé » et les « secteurs d’activité diversifiés » des banques hexagonales. Il a également ajouté que le système de supervision de notre pays était « solide ». Comment expliquer alors la dégringolade boursière des valeurs financières françaises ?

SVB ? La 15ème meilleure banque américaine…
Une des réponses qui peut élucider ce phénomène est la surprise totale des analystes qui n’avaient pas vu venir la faillite de SVB. Et pour cause… Le dernier communiqué de presse publié par le groupe californien concernait sa 15ème place au classement des 100 meilleures banques américaines établi par le magazine Forbes. Ironique…
Tout a commencé le 8 mars avec l’annonce de la mise en liquidation de Silvergate Bank. Ce modeste établissement régional, qui était très actif dans les cryptomonnaies, a été incapable de résister à l’implosion de la plateforme d’échanges FTX. Quelques heures plus tard, SVB annonçait, à son tour, qu’il devait faire face à une vague de retraits précipités de ses clients. En déclarant, dans un communiqué, lancer une augmentation de capital de 2,25 milliards de dollars et avoir vendu, en urgence, un portefeuille massif de 21 milliards de dollars de titres financiers pour assurer ses réserves en cash, avec une perte de 1,8 milliard de dollars à la clef, les dirigeants de SVB ont provoqué un vent de panique aux Etats-Unis.

42 Mds$ de retraits en 24 heures
Durant la seule journée du 9 mars, la banque de la tech a reçu 42 milliards de dollars d’ordres de retrait. A titre de comparaison, le plus gros volume de retraits jamais enregistré chez l’Oncle Sam et qui concernait la Washington Mutual bank avait atteint 16,7 milliards de dollars en… 10 jours. Face à cette saignée, le titre en Bourse de SVB s’est effondré de 60% en une seule séance. Dès le 10 mars, la cotation du titre a été suspendue avant que l’Agence de garantie des dépôts (FIDC) n’annonce qu’elle prenait le contrôle de l’établissement. Les conséquences de cette faillite vont être énormes dans le secteur américain de la tech.
La mise en liquidation de SVB va permettre à ses clients de récupérer jusqu’à 250.000 dollars de leurs fonds. De nombreuses sociétés ont placé énormément d’argent dans le groupe mais comme 96% du total des 173 milliards de dollars confiés à SVBn’étaient pas assurés, beaucoup de grands comptes vont perdre gros, très gros dans cette affaire.  Circle avait notamment déposé 3,3 milliards de dollars dans les coffres de la banque de la Silicon Valley. Roku (487 millions), BlockFi (227 millions), Roblox (150millions) ou Ginkgo Bio (74 millions) ont également du souci à se faire. Mais ce sont surtout les centaines de start-ups de 10 à 100 employés, clientes de la banque, qui vont être les plus touchées. Beaucoup avaient en effet placé tous leurs avoirs dans cet établissement et leur disparition va les empêcher de verser les salaires de leurs collaborateurs. Des hedges funds, ces fonds vautours qui n’ont jamais aussi bien mérité leur nom, leurs proposeraient déjà de les racheter pour 60% de leurs valeurs en échange de liquidités immédiates.

Londres se fait du souci
Cette faillite devrait avoir aussi d’importantes conséquences au… Royaume-Uni. Le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, a avoué que la disparition de la banque californienne posait un « risque sérieux » pour le secteur de la tech britannique.
En France, la situation est bien différente comme nous l’avons déjà vu mais il ne fait aucun doute que la faillite de SVB risque encore de ralentir les flux d’investissement dans la tech. Depuis plusieurs mois, la source d’argent frais qui coulait auprès des start-ups commençait déjà à se tarir. L’an dernier, dix jeunes pousses françaises étaient devenues des licornes suite à des levées de fonds records mais cette embellie n’a pas duré. L’heure est aujourd’hui aux économies.

Les licornes au régime sec
En décembre, Meero a lancé un plan de sauvegarde (PSE) en vue de supprimer 72 postes en France. Le mois suivant, le spécialiste du matériel digital reconditionné, Back Market a officialisé la suppression de 93 emplois, soit 13% de ses effectifs. Quelques semaines plus tard, PayFit, l’éditeur d’un logiciel de paie et de gestion RH, a licencié 200 personnes, soit environ 20% de ses salariés. La faillite de SVB ne devrait pas inverser cette triste tendance.

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