Dans les supermarchés, le week-end de Pâques a marqué comme d’habitude un pic d’achat presque aussi haut que Noël. La tradition du gigot d’agneau et des oeufs en chocolat résiste au temps. Elle ne suffit pas à rassurer les distributeurs qui s’inquiètent de la baisse des volumes qu’ils écoulent. Les Français achètent en effet moins, la faute à l’inflation.
L’institut Circana (ex-IRI) relève une hausse de 9 % du chiffre d’affaires des supers et hypermarchés au premier trimestre. A première vue, une bonne performance. Mais la même société d’étude calcule une inflation de 16 % pour les produits alimentaires. La hausse des prix masque donc une autre réalité : de janvier à mars, il s’est vendu en France 9 % de moins de produits de grande consommation en volume. Sur un an, la diminution est de 5 %. Le niveau se situe légèrement au-dessous de celui de 2019 alors que la population augmente de 0,3 % par an.
Chute vertigineuse à la poissonnerie
Et Circana ne mesure pas les ventes de fruits et légumes qui plongent depuis des mois. Une baisse à deux chiffres. « A la poissonnerie, la chute est vertigineuse », constate aussi Dominique Schelcher, le président de Système U. Pour les fraises et les courgettes, la crise est telle que lors du vote de la proposition de loi Descrozaille, il y a quinze jours, le Parlement a descendu de 10 % le seuil de revente à perte des fruits et légumes frais pour permettre une baisse des prix et la relance du secteur.
Mais la diminution des achats touche tous les rayons. Pour la seule semaine qui s’est achevée le 2 avril, Circana note un creux de 18 % pour l’épicerie salée, de 51 %, pour les huiles, de 17 % pour les produits d’entretien. Toutes les formes de magasins sont touchées. Les hypermarchés qui avaient repris du poil de la bête grâce à leurs prix bas perdent 12 % en volume. Même les magasins de proximité sont à la peine (-6,4 %).
Le président de Système U met l’accent sur « le glissement des grandes marques », plus chères que les marques de distributeurs qui gagnent du terrain. Thierry Cotillard, le président du groupement des Mousquetaires (Intermarché) confirme la baisse des volumes et en contraste « 20 % de progression sur les produits anti-inflation sur lesquels les prix ont été baissés ». Intermarché vend, par exemple, de la côte de boeuf et du lieu à 10 euros le kilo.
Problème politique
« Lorsque la question des retraites sera derrière nous, l’inflation deviendra la première préoccupation des Français et deviendra un problème politique », estime un distributeur. Le gouvernement en a conscience. Bruno Le Maire a appelé jeudi les industriels de l’alimentaire à rouvrir les négociations commerciales avec leurs clients commerçants. Objectif : rogner sur les 10 % de hausse moyenne par lesquels se sont terminées les discussions annuelles le 1er mars dernier.
« Le cours mondial du blé était de 430 dollars la tonne il y a six mois, c’est 280 dollars. Aujourd’hui. Les prix de l’énergie sont eux aussi orientés à la baisse », rappelait en février dans « Le Figaro » Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont diminué de 20 % depuis un an, a annoncé ce vendredi l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO.
Les Nestlé et autres Danone retiendront que les cours restent à un niveau élevé, ainsi que le prix de l’énergie. « Nous venons juste de boucler les négociations », a rappelé jeudi l’Association nationale des industries alimentaires.
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