Pour les travailleurs de la tech, décrocher un job chez Google, Apple ou Facebook représentait, il y a quelques années, l’accomplissement de toute une carrière. Ces géants, en retour, faisaient tout pour bichonner leurs employés. Repas gratuits, chèques bien-être, laveries, salles de sport et piscines dans les bureaux, congés payés illimités et salaires stratosphériques…

Mais depuis quelques mois, l’atmosphère de la Silicon Valley a complètement changé. Après avoir recruté à tour de bras pendant la pandémie (Facebook notamment a multiplié ses effectifs par deux), au risque de ne pas avoir assez de travail à donner à tous leurs salariés, les géants de la tech ont licencié des dizaines de milliers de personnes ces six derniers mois. Ce qui les prive d’un atout pour le recrutement, avancent anciens salariés et recrues potentielles.

Plusieurs vagues de licenciements
« Lorsque j’ai été embauché chez Google, tout le monde me répétait que j’étais sûr de ne pas perdre mon emploi », regrette un ancien salarié, qui a été licencié cette année. « Les Big Tech attirent moins qu’avant », confirme Robin Choy, le cofondateur de HireSweet, une start-up qui aide les entreprises à recruter.
« A cause de ces vagues de licenciements, les gens se disent moins qu’il ne peut rien leur arriver », poursuit le recruteur, qui a pivoté vers des entreprises dans d’autres secteurs que la tech. « Et les cours de la Bourse des entreprises de la tech ont beaucoup baissé, ce qui rend les rémunérations moins attractives. »

Fuite des cerveaux de Google vers OpenAI
L’attractivité des géants de la tech n’était déjà pas au beau fixe avant ces vagues de licenciements. C’est particulièrement le cas pour les ingénieurs spécialisés dans des domaines très recherchés, dont l’intelligence artificielle. Selon le média The Information, le départ de plusieurs salariés de Google vers OpenAI a permis à ce dernier d’accélérer dans les derniers mois, avant la publication de ChatGPT.
En privé, ces derniers se plaignent d’une culture d’entreprise qui n’est plus favorable à l’innovation. « Chez Google, on peut tout essayer, mais c’est toujours un peu mou. Les équipes ne sont pas encouragées à lancer un nouveau produit, même peu risqué », explique un ancien salarié. Toute nouvelle fonctionnalité doit recevoir l’approbation de plusieurs managers, qui peuvent bloquer son lancement si le risque paraît trop élevé.
Google a des raisons d’être prudent. Lorsque sa maison mère, Alphabet, a dévoilé son propre chatbot, nommé Bard, en réponse à ChatGPT, ce dernier a fait une erreur qui a coûté très cher au groupe. Son action a décroché de 8 % environ en un jour, effaçant plus de 100 milliards de dollars de capitalisation. OpenAI et les autres start-up du secteur n’étant pas cotées, elles n’ont pas à se soucier de ce que pensent les marchés.

Meta, Apple et Amazon sont aussi concernés
Le géant de la recherche en ligne n’est pas le seul à faire face à une fuite des cerveaux vers des start-up du secteur. En France, Meta vient par exemple de « perdre » Antoine Bordes, parti chez la start-up Helsing, après 9 ans au sein des équipes de recherche fondamentale en IA de Meta…
OpenAI, de son côté, a recruté 59 personnes chez Google, mais aussi 34 chez Meta, la maison mère de Facebook, 15 chez Apple, 14 chez Dropbox et 11 chez Amazon, selon les données des sites LeadGenius et Punks And Pinstripes.

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