Mercredi 12 avril, à l’Assemblée nationale, le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou a proposé de taxer le secteur de l’aérien et le secteur autoroutier pour financer le plan à 100 milliards d’euros promis pour le ferroviaire. Ce montant correspond à l’estimation des besoins lancée par le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui envisageait cette dépense sur quinze ans.

Lors de l’annonce du plan, fin février 2023, le gouvernement avait expliqué qu’il se fonderait sur un scénario dit « de planification écologique ». Celui-ci s’éloigne du cadrage budgétaire actuel pour ajouter des investissements jugés « les plus pertinents pour faciliter le report de la route vers les transports collectifs et de la décarbonation ».
Mais Jean-Pierre Farandou, sans doute désireux de battre le fer tant qu’il est chaud maintenant que son projet défendu depuis de long mois est validé par l’exécutif, veut accélérer les choses. Et il a déjà désigné ceux qui devraient, selon lui, mettre au pot : l’aérien et les autoroutes.

Un chantage de la SNCF ?
En effet, le président de la SNCF  a demandé un plan de financement avec des ressources pérennes et « une loi de programmation pluriannuelle » afin de garantir la mise en œuvre du plan. « S’il n’est pas financé, ce projet ne se fera pas », a prévenu Jean-Pierre Farandou, dans une position proche du chantage. Il faut faire appel « à toutes les sources de financement accessibles », a-t-il insisté.
Il a ainsi cité les « nouvelles fiscalités européennes autour des quotas carbone » mais aussi des taxes, qui pourraient peser sur les types de transport ayant un « impact plus négatif sur l’environnement ». « Je pense à l’aérien, je pense aux poids lourds et on a aussi les autoroutes qui sont une source de financement importante », a proposé le président du groupe ferroviaire. D’après lui, « une partie de la manne autoroutière pourrait servir à financer le ferroviaire ».
Les collectivités locales devraient aussi être mises à contribution pour financer les projets de services express régionaux. Les fameux « RER métropolitains » qu’Emmanuel Macron avait appelé de ses voeux avec « des TER cadencés au quart d’heure » pour « irriguer » les grandes métropoles. La SNCF prendra aussi sa part « à hauteur de sa capacité contributive réelle mais limitée » et avec une « ligne rouge : ne pas revenir au déficit », a insisté Jean-Pierre Farandou.

Vers une confrontation aérien/train ?
Le patron du groupe public a enfin dit espérer « qu’un large consensus transpartisan puisse créer les conditions nécessaires d’une loi de programmation pluriannuelle ». Et ce afin de conforter « la mise en œuvre de ce plan d’avenir pour les transports ferroviaires de notre pays ».
Mais il semble oublier la position du Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara), un syndicat professionnel de l’aérien revendiquant 50% des compagnies aériennes françaises. Le Scara « refuse l’idée d’être une fois de plus taxé pour financer le plan de développement du transport ferroviaire », avait-il déclaré le 28 février. Et d’ajouter : « Le transport aérien, […] finance à hauteur de 200 M€ par an les infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et portuaires, et […] il sera le seul mode de transport en France à compenser entièrement ses émissions de CO2 des vols domestiques dès 2024 ». Le chemin vers le consensus semble encore long.
Les 100 milliards serviront à la régénération et la modernisation du réseau, dont l’âge moyen est de 30 ans en France, « là où en Allemagne il est de 17 ans et en Suisse, qui est une référence européenne en matière de ferroviaire, il est de 15 ans ».

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