Un cas d’école, chimiquement pur », s’étonne encore une banquière de premier plan. Plus d’un mois après sa fermeture, le 10 mars dernier, l’enchaînement d’évènements qui ont conduit Silicon Valley Bank (SVB) à sa perte fascine encore. Après les erreurs manifestes de la direction, les retraits massifs des dépôts par les clients (« bank run »), le rôle des superviseurs californiens, celui des réseaux sociaux est à présent pointé du doigt. Une récente étude menée notamment par des chercheurs de Dauphine et de l’Université d’Arizona (1) pointe que Twitter « a en effet contribué à la panique bancaire vécue par SVB », et que « d’autres banques connaissent un risque similaire ».
L’effet spécifique de Twitter apparaît d’abord dans l’évolution des cours de Bourse. En explorant l’historique des conversations entre le 1er et le 15 mars (avant et après la chute de SVB), les auteurs indiquent que les banques apparaissant le plus dans les discussions ont connu une baisse moyenne de cours supérieure aux autres établissements.
Une communauté très présente sur Twitter
L’étude se concentre ensuite sur le contenu et le rythme de ces conversations. Entre le 8 et le 13 mars, « les utilisateurs ont posté 6.628 tweets incluant le mot « run » à propos de SVB, environ cinq fois plus » que pour les autres banques concernées par le même type de risque.
Ces tweets émanent dans un premier temps davantage d’investisseurs, avant de se répandre ensuite dans la sphère plus large des déposants, ceux-là mêmes qui précipiteront la crise en récupérant leurs fonds. Cela laisse penser que « l’exposition aux médias sociaux a provoqué un risque de panique bancaire, et n’en est pas seulement le reflet », écrivent les auteurs.
Dans le cas de SVB, le rôle de Twitter a encore été amplifié par le fait que la banque s’était spécialisée sur une clientèle de start-up. « De nature très connectée, cette communauté de start-up » avait non seulement fortement recours à SVB, « mais démontrait aussi un degré élevé de communication sur Twitter ».
« Tout s’est effondré beaucoup plus vite que jamais »
« Il y a eu quelques tweets, puis tout s’est effondré beaucoup plus vite que jamais auparavant. Et franchement, je pense que les régulateurs ont fait du bon travail en réagissant très rapidement, car normalement, il faut plus de temps pour réagir à ce genre de situation », a déclaré en mars Jane Fraser, la patronne de Citigroup.
Le sujet s’est aussi invité aux réunions du printemps du Fonds monétaire international, début avril. « Nous avons vu avec SVB qu’avec les technologies que nous avons aujourd’hui – à la fois en termes de communication et de rapidité d’accès aux comptes bancaires – les paniques bancaires peuvent aller beaucoup plus vite », a insisté le gouverneur de la Banque d’Angleterre Andrew Bailey.
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