Le jardin secret de Carrefour

 
Ça y est ! Le leader français de la grande distribution se met au vert. En mode jardinage détox, armé de gants en cuir et bottes en plastique, le groupe Carrefour lance une nouvelle enseigne d’épicier-primeur où les cagettes du marché (mais bien lavées, faut pas déconner) sont légion : Potager City. Trois enseignes ont ouvert à Paris depuis le début de l’année, et une quinzaine de plus sont attendues d’ici fin octobre 2023.
Finies les viandes issues de la déforestation au Brésil, finis les procès en intention sur l’honnêteté écologique du groupe, finies les mises en demeure de lutter contre la pollution plastique. Et n’allez pas croire que ce changement de modèle est purement égoïste. Si Carrefour met les mains dans la terre, c’est pour « accompagner les attentes des consommateurs en matière d’alimentation saine ». Allez, tout le monde plante un rang de carottes pour fêter ça !
 
Mais est-ce que Carrefour ne nous jouerait pas du pipeau dans des patates douces ? Le mastodonte de la grande distribution (14 000 magasins dans 40 pays) a en fait racheté Potager City en 2020, quand elle n’était encore qu’une start-up lyonnaise spécialisée dans la livraison de paniers de fruits et légumes. En y regardant de plus près, les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires de ce nouveau joujou tout vert ne pèsent pas bien lourd sur les 90 MILLIARDS d’euros de chiffre d’affaires du groupe en 2022. En plus, les produits de Potager City seront locaux et « durables », mais pas bio pour autant (faut pas déconner), histoire de surfer sur la tendance de consommation actuelle (pas folle la guêpe), et d’amasser toujours plus de moula en allant chercher des consommateurs urbains avides de produits en circuits courts. La belle plante Potager City ne freinera d’ailleurs pas l’implantation en France de l’enseigne brésilienne discount Atacadao par Carrefour – à moins que ?
 
Alors, est-ce un énième cas de greenwashing ? Pas vraiment. Dans les magasins Potager City, Carrefour bichonne fruits et légumes comme la prunelle de ses yeux (5 ou 6 rempotages par jour, brumisateurs et tables réfrigérées à 7°) tout en prenant soin de s’effacer. Rien ne dépasse, comme si la marque était indépendante. Et ça s’appelle le «​ brand-hiding » (on y consacre un article entier dans le dernier fanzine). Carrefour, ne nous prends pas pour des fraises (même si c’est de saison).

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