L’Office européen des brevets a dévoilé les finalistes de son concours destiné aux entrepreneurs-inventeurs. Zoom sur les Français.

Par Jenifer Bitar

Dans une ferme d’insectes de la PME Ynsect, à Dole, dans le Jura. 
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Publié le 10/05/2023 à 08h00

Des fermes d’insectes et une nouvelle technique de stockage d’hydrogène bientôt distinguées par l’Office européen des brevets (OEB) ? Le Français Antoine Hubert, fondateur de la PME Ynsect, et une équipe scientifique grenobloise du CNRS, à l’origine d’une innovation permettant de stocker l’hydrogène sous forme solide, ont été sélectionnés parmi les finalistes du Prix de l’inventeur européen 2023, parmi plus de 600 candidats venus du monde entier.

Stocker de l’hydrogène sous forme solide
Dans la catégorie « Recherche », l’équipe française composée de Patricia de Rango, Daniel Fruchart, Albin Chaise, Michel Jehan et Nataliya Skryabina se fait une place aux côtés de deux finalistes allemands et islandais.
Ces chercheurs ont combiné leur expertise en physique, chimie et ingénierie afin de trouver un moyen pour stocker l’hydrogène sous forme de disques solides, et non plus sous forme liquide ou de gaz, rendant l’hydrogène plus sûr et accessible en termes de transport, plus durable dans le temps, et plus économe en énergie et en place. « Le système est très sécurisé en raison de la faible pression utilisée », a déclaré Daniel Fruchart, l’un des porteurs du projet. « Je peux poser le disque directement sur la table et il n’y a pas de réaction avec l’air. » L’hydrogène étant stocké de cette façon, la performance énergétique est améliorée de 80 %.
L’hydrogène est un élément qui pourrait contribuer à la décarbonisation de la planète. Cependant, son usage limité est dû à un stockage encore peu sûr et à un transport peu accessible. Cette innovation de rupture pourrait lever ces freins et permettre à l’hydrogène de représenter un tournant majeur dans la transition énergétique. À ce jour, leur invention a été commercialisée dans plusieurs pays d’Europe, en Australie et au Japon.

Des fermes verticales à insectes
Nominé dans la catégorie PME, le biochimiste Antoine Hubert a développé des fermes verticales où sont élevés des vers de farine qui sont transformés en nourriture pour humain (poudres, huile, nourriture pour sportifs), aliments pour animaux de compagnie et poissons ou engrais. C’est la première entreprise à recevoir l’autorisation de l’Union européenne pour un engrais fabriqué à partir d’insectes.
Ce projet répond à des enjeux environnementaux et alimentaires majeurs. En produisant ses ingrédients dans de hautes fermes modulaires empilées les unes sur les autres, Ÿnsect émet une faible pression sur les sols et des gaz à effet de serre nettement inférieurs aux autres formes d’élevage traditionnelles. Avec cette production d’aliments riches en acides aminés, vitamines, minéraux et protéines, la PME française s’inscrit aussi dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
« Avec Ynsect, nous contribuons à un système alimentaire plus durable en réinventant la chaîne alimentaire avec des ingrédients à base d’insectes, résume Antoine Hubert. Aujourd’hui, nous vendons nos ingrédients sur des marchés à très haute valeur ajoutée tels que les plantes, les animaux de compagnie et la nutrition humaine ». La start-up construit d’ailleurs actuellement sa troisième unité de production, la plus grande ferme verticale du monde, à Amiens, en plus de disposer de trois sites en France, d’un aux Pays-Bas et d’un autre aux États-Unis.

Lancé en 2006, le Prix de l’inventeur européen est un prix d’envergure mondiale. Le jury, composé d’anciens finalistes, récompense chaque année les scientifiques derrière des projets innovants et prometteurs. Pour savoir si les Français en lice seront, oui ou non, désignés « inventeurs de l’année », rendez-vous le 4 juillet prochain pour suivre la cérémonie de remise du prix en direct de Valence.

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