C’est dans une brasserie coquette, en face du château de Vincennes, que les ennuis ont commencé. Franck*, un petit brun de 30 ans sans emploi, y avait ses habitudes. Le matin, en sortant de la salle de sport, ce fan de musculation venait boire un expresso en terrasse. Un escroc le repère. Il recrute pour sa prochaine arnaque, sympathise avec les clients et se renseigne sur leur situation.

Franck a le profil idéal. L’homme lui propose de devenir gérant de société, en lui offrant 500 euros par mois. Aucune compétence requise, ni tâche sérieuse à accomplir. Juste signer des papiers de temps en temps. Le célibataire n’a pas résisté. Seulement voilà, quelques années plus tard, la police est venue l’arrêter. Impliqué dans une vaste fraude au crédit-bail, Franck attend aujourd’hui son jugement.

Homme de paille
Combien sont-ils, comme lui, à avoir cédé aux sirènes de l’argent facile et à avoir endossé le rôle d’homme de paille d’une ou plusieurs sociétés éphémères ? « Ces entreprises trouvent un quidam qui sera en première ligne quand les contrôles se déclencheront, alors que les vrais dirigeants se seront évaporés avec l’argent et les biens », dépeint Frédéric Samama, un avocat pénaliste.
Les banques et fournisseurs ne sont pas leurs seules victimes. Le fisc et les Urssaf sont aussi des cibles. Le Haut Conseil du financement de la protection sociale a d’ailleurs pointé du doigt ce phénomène dans son rapport de février .
Parmi les exemples qu’il cite, des structures créées pour bénéficier de prestations sociales (indemnités journalières maladie, indemnités de maternité, allocations-chômage, etc.), qui ne sont accordées que si l’activité est déclarée.
Ce fléau met Bercy en ébullition. Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a décidé de mener la guerre à ces sociétés qui jouent au chat et à la souris avec l’administration et les organismes publics. Son plan antifraude, présenté ce mardi, s’attaquera au problème.
« Il s’agit de schémas de fraudes qui visent à organiser la disparition ou l’insolvabilité de la société pour échapper aux obligations sociales et fiscales en détournant des procédures existantes, détaille le cabinet du ministre. Généralement, elles ne restent en activité qu’une à deux années. »

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