Greenpeace France lance une charge contre l’élevage en France. L’ONG dénonce ce qu’elle appelle des fermes usines. Et demande, dans le cadre de la future loi d’orientation agricole, la mise en place d’un moratoire national sur la construction ou l’extension de ces exploitations.

En se basant sur les demandes d’autorisation auprès des préfectures de ces fermes industrielles, Greenpeace en a recensé 3.010 en France. Ce qui représente 3 % des élevages . Mais 60 % des animaux, note son rapport.

La Bretagne au coeur
La filière volailles est la plus concernée (75 %), devant l’élevage de porcs (23 %). La concentration reste limitée pour les bovins (2 %), alors que la ferme des 1.000 vaches avait défrayé la chronique il y a plusieurs années. L’ONG a décidé de cartographier ces implantations. C’est la région Grand-Ouest qui recense le plus grand nombre de ces « méga fermes » – dont 70 % sont localisées en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Les autres se répartissent sur tout le territoire.
Greenpeace cite notamment une ferme dans l’Oise où le nombre d’emplacement pour des poules pondeuses atteint 1,1 million de volailles. Mais les bâtiments, une quinzaine, se situent sur trois communes distantes d’environ 10 kilomètres, et non sur un lieu unique. Dans son viseur également, une exploitation porcine regroupant 21.000 animaux dans le Finistère. Dans tous les cas, les normes européennes en matière de densité sont respectées.
Mais cette « hyperspécialisation » de la région Grand- Ouest provoque « une pression environnementale excessive et insoutenable », selon l’association écologiste, « les deux tiers des animaux étant concentrés sur 9 % du territoire ». Cette concentration a ainsi un fort impact sur la pollution de l’eau liée aux déjections animales. Et aussi de l’air, avec les émissions d’ammoniac, avec l’épandage notamment. « L’élevage est également un important contributeur aux émissions de méthane », indique Greenpeace.

Recul des cheptels
Cette dernière milite ainsi pour un élevage local, avec des fermes autonomes pour nourrir leurs animaux. « Cela passera par la nécessité de réduire nos volumes de production et de consommation » de viande, estime l’ONG
Cette interpellation intervient alors que l’élevage français est en pleine crise. Avec la grippe aviaire, la France, pays le plus touché en Europe a perdu plus de 25 millions de volailles. La filière bovine, elle, a vu fondre son cheptel de 10 % en six ans, faute de rentabilité. Quant aux éleveurs porcins , face à une crise historique, leur production a reculé de plus de 2 % l’an dernier.
La souveraineté alimentaire est devenue un sujet de préoccupation des pouvoirs publics. Un argument repris par les agriculteurs. « Nous sommes devenus très dépendants des importations dans tous ces secteurs, et cela de pays où l’élevage n’est pas géré dans les mêmes conditions qu’en France en matière de bien être animal comme de respect de l’environnement, plaide Sébastien Windsor, le président des Chambres d’agriculture. Nous sommes parmi les mieux disant en Europe. Cette démarche est suicidaire. »

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