Les militants écologistes qui escaladent les grillages des aéroports, comme les dirigeants du transport aérien et de l’aéronautique qui ne peuvent plus ouvrir la bouche sans parler de la réduction des émissions de CO2, ont encore beaucoup à faire pour être entendus. C’est ce qui ressort, année après année, des études et sondages consacrés à la relation compliquée des Français à l’avion. Malgré les efforts des premiers pour les en détourner, la majorité des répondants restent toujours aussi attachés à l’avion et n’ont pas l’intention d’y renoncer. Y compris les jeunes, pourtant réputés plus sensibles aux enjeux environnementaux. Selon un sondage Ipsos réalisé pour l’Alliance France Tourisme auprès d’un échantillon de 18-34 ans, publié ce week-end par le « JDD », plus d’un jeune interrogé sur deux (54 %) cite l’avion comme mode de transport favori pour partir en vacances, juste derrière la voiture (65 %).

Les jeunes préfèrent l’avion au train
La même proportion (53 %) affirme pourtant choisir son mode de transport en fonction de son impact écologique. Néanmoins, le train n’a la préférence que d’un jeune sur trois (35 %). Et 87 % des jeunes répondants accepteraient « sûrement ou probablement » un billet d’avion gratuit pour partir en week-end en Europe.
Le dernier rapport de la chaire Pégase de l’université de Montpellier, publié mardi, fait le même constat du décalage entre les préoccupations environnementales et les pratiques des Français. Selon cette étude annuelle consacrée au transport aérien, seulement 12 % des Français interrogés, sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes, déclarent avoir honte de prendre l’avion. Ils sont 91 % à avoir déjà pris l’avion au moins une fois dans leur vie et un peu plus de 50 % au cours des douze derniers moins. Mais seulement 28 % assurent avoir déjà compensé les émissions de CO2 de leurs vols, bien que 79 % se disent préoccupés par l’environnement.

Les efforts de décarbonation restent méconnus
Mais de même que les préconisations écologistes radicales laissent de marbre la majorité, les efforts des compagnies aériennes et des industriels de l’aéronautique pour réduire leur empreinte environnementale, leur passent également au-dessus de la tête. Selon le rapport « Pégase », seulement 35 % des personnes interrogées avaient entendu parler des différentes innovations technologiques destinées à décarboner le transport aérien, telles que les carburants d’aviation durables (CAD).
« Paradoxalement, l’innovation la plus connue [par 50 % des répondants, NDLR] est l’hydrogène, qui n’est pourtant pas encore entré en application, contrairement à d’autres nouveaux carburants qui commencent déjà à être utilisés mais qui sont encore très peu connus », souligne Paul Chiambaretto, directeur de la chaire Pégase. De même, les images d’ailes volantes diffusées par Airbus ont été remarquées par 43 % des répondants, alors que 19 % seulement avaient entendu parler des nouveaux moteurs, comme l’open rotor de Safran.

15 % plus cher
Dans l’ensemble, ces innovations sont néanmoins plutôt bien acceptées par les personnes interrogées. A commencer par le recours à l’hydrogène, qui ne semble pas susciter d’inquiétude particulière. La seule innovation rejetée sans explication par la majorité est le moteur non caréné ou « open rotor ». « Cela fait écho aux réticences déjà constatées dans d’autres études vis-à-vis des avions à hélices », explique Paul Chiambaretto.
Non seulement les Français interrogés seraient prêts, dans leur majorité, à voler à bord de ces avions du futur à hydrogène, mais ils se disent même disposés à payer leur billet d’avion 15 % plus cher, en moyenne, pour financer ces innovations. Et la majorité des répondants est convaincue que ces innovations entreront progressivement dans les faits au cours des neuf prochaines années. Ce qui peut s’apparenter à un excès d’optimisme en ce qui concerne l’hydrogène et les nouveaux designs d’avions.

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