Face au déclin de la culture du bigaradier, la maison s’emploie à redynamiser la filière. À découvrir lors de l’événement « Jardins Jardin » aux Tuileries.
Par Yohan Cervi
À l’occasion de l’événement Jardins Jardin, aux Tuileries, à Paris, Chanel présentera sa filière Fleur d’oranger via un parcours olfactif et botanique au cœur d’un jardin de 200 m2.
Le bigaradier, c’est l’autre nom de l’oranger amer qui offre chaque année au printemps la célèbre fleur d’oranger, matière incontournable de la parfumerie. Si Grasse jouit d’une renommée majeure pour ses cultures de jasmin ou de rose, c’est moins le cas pour celle de cette fleur blanche au parfum unique. Il faut dire que la filière connaît, depuis un siècle, un long déclin.
Pour répondre au développement majeur de la parfumerie au début du XXe siècle, les distilleries grassoises réclament un apport de plus en plus important en fleur d’oranger. En 1900, la région en produit 1 500 tonnes et, dès 1904, les producteurs se rassemblent au sein d’une coopérative agricole (désormais nommée Nérolium) pour distiller eux-mêmes les fleurs. L’entreprise est prospère, tant et si bien qu’au cours des premières décennies, les Alpes-Maritimes concentrent près de la moitié des volumes produits dans le monde ! Malheureusement, durant les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, développement de la synthèse, pression foncière et autres délocalisations à l’étranger mettent la filière à mal.
Pour Chanel, une fleur qui vaut de l’or
Toujours très qualitative, mais devenue confidentielle, la production de la fleur d’oranger française s’établit désormais à cinq tonnes par an. Triste constat. Mais pour Chanel, la fleur vaut de l’or. Dès la naissance de l’iconique N°5 en 1921, le parfumeur attitré de la maison, Ernest Beaux, convoque depuis son laboratoire cannois les plus belles matières premières qui abondent aux alentours, parmi lesquelles le néroli grassois (le nom de l’huile essentielle de fleur d’oranger). Une matière qui se déploie en majesté également dans des créations plus récentes, comme l’Eau de Cologne, de la ligne Les Exclusifs et Paris-Riviera, de la collection Les Eaux de Chanel.
C’est donc tout naturellement que la maison entreprend désormais de soutenir et développer cette filière précieuse. Grâce au partenariat établi avec le groupe Mul, allié de confiance depuis plusieurs décennies, et avec l’aide de la coopérative Nérolium et de l’agrumiculteur bio Jean-Noël Falcou, Chanel organise la relance de la culture du bigaradier en pays de Grasse. Soixante producteurs et propriétaires de terrains de bigaradier, à Vallauris et au Bar-sur-Loup, sont désormais formés pour garantir la pérennité d’un patrimoine précieux. Avec pour objectif de produire dix tonnes annuelles à l’horizon 2026, 600 nouveaux pieds de ce petit arbre sont sur le point d’être plantés sur une surface de 15 000 m².
Une pratique millimétrée, où rien ne se perd
Entre-temps, les pratiques n’ont pas changé. Durant le printemps, les fleurs sont récoltées à la main, à l’aube, lorsqu’elles sont encore très concentrées en principes odorants. Elles sont ensuite distillées à la vapeur d’eau pour produire le fameux néroli. À l’issue de la récolte, les arbres sont taillés et le bois et les rameaux permettent d’obtenir l’huile essentielle de petit-grain, à l’odeur verte. Quant aux oranges amères, cueillies en hiver, elles servent à la fabrication de confitures, de vin d’orange ou encore d’oranges confites. Ainsi, dans ce projet qui fonctionne en économie circulaire, rien ne se perd. L’ensemble est cultivé dans une démarche d’agriculture biologique et avec une forte dimension sociale (formation des propriétaires, partenariats avec les écoles et les centres de formation du département pour des stages et des contrats d’apprentissage), dans le but d’assurer une culture pérenne.
Visiter le jardin de Chanel, c’est s’assurer de pouvoir sentir d’agréables parfums aux senteurs fleuries.
Afin de faire découvrir au grand public cette filière unique, Chanel s’associe cette année encore à l’événement « Jardins Jardin », qui se tiendra au jardin des Tuileries du 1er au 4 juin. Au cœur d’un jardin de 200 m², la maison invite à un parcours olfactif et botanique unique au cœur des bigaradiers. L’occasion de respirer, au cœur de Paris, un doux air fleuri.
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