Quand on est en avance sur ses concurrents – à défaut de l’être sur son temps –, il ne faut pas se priver de s’en vanter. « Pour la deuxième année consécutive, Renault Group était le seul constructeur automobile à faire le déplacement au sommet ChangeNow », un événement de renommée mondiale dédié à la protection de l’environnement qui s’est déroulé du jeudi 25 mai au samedi 27 mai 2023, pouvait-on lire la semaine dernière sur le site Planète Renault. Organisé depuis 2017, ChangeNOW est généralement le point de rencontre des solutions les plus innovantes en faveur de l’environnement et de leurs acteurs. Présent au sein de la zone consacrée à l’économie circulaire, Renault Group a pu détailler sa feuille de route pour décarboner ses activités et les process misent en place en termes d’éco-conception de recyclage de fabrication et d’usage. L’occasion de se présenter, une nouvelle fois, comme le bon élève de son industrie.
Des efforts plus que nécessaires et qui ne passeront pas inaperçus. En l’état, l’industrie automobile consomme une part considérable des ressources naturelles extraites, à savoir 85 % du palladium et du rhodium, 40 % du platine, autant pour le lithium, 24 % du cobalt, 10 % du nickel et 8 % du cuivre. Sans oublier que la transition énergétique, bien que primordiale, est une pression supplémentaire sur les ressources. Les véhicules 100 % électriques, qui vont peser jusqu’à 55 % dans les ventes totales en Europe contre environ 8 % en 2021, risque d’accroitre les besoins en lithium de 70 %, en cobalt de 53% et en nickel de 40%. L’heure n’est plus à l’abondance… et la marque au losange l’a bien compris.
Recycler pour mieux régner
Pour le groupe, le meilleur moyen d’assurer cette transition – et de la rendre viable économiquement – est d’utiliser ses vieilles automobiles pour construire les nouvelles. Les 11 millions de véhicules qui arrivent en fin de vie chaque année représenteraient un potentiel de production automobile d’environ 8 millions pour l’acier et de 5 millions pour le plastique et le cuivre. Luca de Meo, directeur général de Renault, expliquait l’année dernière que « chaque année en Europe plus de 11 millions de véhicules, constitués à environ 85 % de matières recyclables, arrivent en fin de vie ».
« Cette ressource est pourtant sous-exploitée », poursuivait-il. « Les véhicules neufs sont composés de 20 à 30% de matière recyclée seulement ». Pour le dirigeant et son groupe, il est clair que « si nous anticipons les règlementations, beaucoup d’acteurs viendront vers nous pour acheter nos process, notre expertise et peut-être la possibilité d’utiliser nos infrastructures ». Win-Win.
Se donner les moyens de ses ambitions
Cette ambition a donné naissance, le 13 octobre 2022, à une division du groupe dédiée tout spécialement à l’économie circulaire, baptisée judicieusement The Future Is Neutral. « Dans un contexte de transition énergétique marqué par la raréfaction des ressources et l’inflation du prix des matières premières, cette entité développera davantage de solutions technologiques et industrielles. Elle permettra aux acteurs du monde automobile de faire significativement progresser leur taux de matières recyclées issues de l’automobile dans la production de véhicules neufs », avait détaillé le groupe dans un communiqué.
La nouvelle division doit également se focaliser sur les technologies de recyclage des batteries. Une thématique qui, au-delà de sa portée environnementale, revêt une importance toute particulière pour les constructeurs qui ambitionnent de réduire leur dépendance aux matériaux venant d’Asie et à leurs éventuelles pénuries – on sait ce que ça a donné depuis 2020 –.
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