L’Humanité franchit une à une les limites qui lui permettent de vivre dans un espace « sûr et juste ». Ce constat inquiétant est dressé par un collectif de 40 éminents scientifiques baptisé « The Earth Commission » et publié dans la prestigieuse revue Nature.
Cette « Commission de la Terre » a en effet évalué les seuils à ne pas dépasser sur le climat, la biodiversité et les pollutions sur l’air, le sol ou l’eau. Le résultat de cette étude est sans appel : 7 des 8 « limites planétaires », ces lignes rouges à ne pas franchir pour ne pas compromettre les conditions de vie sur terre, sont aujourd’hui franchies.
« Nous courons le risque de déstabiliser la planète entière », a ainsi alerté l’un des principaux auteurs de cette étude, Johan Rockström, également à l’origine du cadre théorique des « limites planétaires ». Ce concept avait été initialement pensé pour répondre à la question : « Jusqu’à quelles limites le système Terre pourra absorber les pressions anthropiques [influences de l’homme sur la nature] sans compromettre les conditions de vie de l’espèce humaine ? ».
La réponse avait initialement été donnée en 2009 par 9 limites planétaires mesurées quantitativement. Ce cadre théorique avait ensuite été révisé en 2015. Le collectif de la « Commission de la Terre » réactualise ainsi ce cadre dans une étude publiée dans la revue Nature.
La justice ajoutée au cadre conceptuel
Cette fois, les scientifiques identifient non plus 9 mais 8 données clés à surveiller pour ne pas compromettre les conditions de vie sur terre. Autre grande nouveauté de cette nouvelle analyse : les chercheurs ont intégré la justice à leur cadre conceptuel.
« La justice est une nécessité pour que l’humanité puisse vivre dans le cadre des limites planétaires. C’est une conclusion constatée par l’ensemble de la communauté scientifique », explique le professeur Joyeeta Gupta de la Commission de la Terre. « Nous ne pouvons pas vivre sur une planète sûre sans justice sociale », ajoute la scientifique.
Résultat : les activités humaines ont engendré le franchissement de sept des « limites planétaires » mesurées par les chercheurs. Seule la pollution par les aérosols reste dans un espace « sûr et juste » . Toutes les autres frontières sont désormais dépassées selon les scientifiques de la Commission de la terre.
A commencer par le climat : « la juste limite doit être fixée à +1°C », avancent les scientifiques. Or, la température moyenne à la surface de la Terre a déjà augmenté de 1,2°C depuis l’ère préindustrielle. Ce réchauffement menace de larges pans de l’humanité qui sont exposés à « des dommages importants », indiquent les scientifiques.
L’habitabilité de la planète compromise
Les limites sur la biodiversité, l’eau, les écosystèmes, les terres agricoles non exploitées, la pollution aux fertilisants sont également franchies. Concrètement, cela signifie que l’accès à l’eau potable deviendra de plus en plus difficile, que la sécurité alimentaire est en danger, que de plus en plus d’espèces animales sont menacées. Plus globalement, l’habitabilité de la planète est compromise au-delà des seuils identifiés par les scientifiques.
Pour éviter ce sombre scénario et garantir le bien-être humain, les auteurs de l’étude appellent à « une juste transformation globale. Ces transformations doivent être systémiques dans les secteurs de l’énergie, de l’alimentation, de l’urbanisation, etc », ajoutent-ils. Les entreprises sont incitées à se saisir de tous ces enjeux, et non pas seulement du climat, tout comme les politiques. Le but est de garantir un accès aux ressources pour tous et de préserver l’habitabilité de la planète.
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