Lorsque Moez-Alexandre Zouari, Xavier Niel et Matthieu Pigasse ont créé l’an dernier le SPAC 2MX Organic, ils ont pris position sur ce qui selon eux représentera l’avenir de la distribution alimentaire : le bio, les circuits courts, les produits bruts.

Le positionnement n’a pas changé lorsque les trois « spaquistes » se sont alliés à la coopérative céréalière In Vivo dans Teract qui a mis à la portée de leurs ambitions les réserves foncières de Jardiland et Gamm Vert. La création d’une copie de Grand Frais constituait l’objectif.

L’attelage du céréalier, du franchisé, du banquier et du magnat des télécoms a vu encore plus grand avec le projet de fusion avec les magasins Casino en France. Cette fois, il ne s’agissait rien moins que d’installer une boulangerie Louise (leur marque) dans chaque Monoprix et chaque Franprix, mais aussi de concéder à Teract les étals de fruits et légumes des enseignes et des 10.000 points de vente que Casino exploite dans l’Hexagone.

Le projet de fusion tombe à l’eau après le retrait d’In Vivo mais la centrale d’achat en circuit court reste d’actualité, même si sa mise en route dépend désormais du sauvetage financier de Casino.

Le tour des fermes
Le projet s’articule autour de Teract Ferme France qui compte faire le tour des fermes pour acheter en direct et à proximité des magasins le meilleur de leur production. Ainsi, la Parisienne goûterait les fraîches salades de la plaine de Montesson, ou les pommes bios des Alluets, dans les Yvelines.

Grand Frais démontre que les fruits et légumes de qualité attirent les clients. Mais la mise en place du projet Teract s’avère complexe.

Il faut signer des milliers de contrats (au moins deux par magasin) pour les boulangeries et les rayons fruits et légumes, déterminer des niveaux de redevance, recruter les fournisseurs, s’assurer de leurs capacités de production, créer un réseau logistique en circuit court et peut-être sans entrepôt centralisateur. Il sera nécessaire aussi de convaincre les clients de payer un peu plus cher pour une meilleure qualité, ce qui peut s’avérer compliqué alors que l’inflation alimentaire atteindra en septembre 25 % sur deux ans.

Impact de moyen terme
L’idée est belle mais ses effets ne se verront dans les comptes d’exploitation que dans deux ans au plus tôt, un délai qui n’aurait pas permis à Casino de régler ses problèmes immédiats de fin de mois.

Jean-Charles Naouri a eu la vision , avant ses concurrents, de l’importance du commerce de proximité dans un monde dans lequel la voiture est délaissée et la population vieillit au point de se contenter d’une promenade autour du pâté de maisons. Il entend finaliser ce concept d’ « agro-distribution » lui aussi novateur. En attendant, il doit se battre pour la sauvegarde de son groupe lourdement endetté.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr