Carrefour a célébré ce mardi le soixantième anniversaire de l’hypermarché de Sainte-Geneviève-des-Bois ouvert le 15 juin 1963 au sud de Paris. « Il a été le premier hypermarché en France et le premier dans le monde », a rappelé le PDG Alexandre Bompard, la première grande surface qui réunissait l’alimentaire et les produits non alimentaires.
Les archives se souviennent des embouteillages et des multiples fermetures du premier jour qu’ont provoqué les bousculades et les ruptures qui sont vite apparues en rayon. Les Français découvraient l’abondance des Trente Glorieuses et le libre-service dont les fondateurs Marcel Fournier et les frères Defforey avaient appris les techniques aux Etats-Unis dans les séminaires qu’animait Bernardo Trujillo pour le compte des caisses enregistreuses NCR.
Prêt-à-vendre
Six décennies plus tard, la fête de la consommation est terminée. Pas de flonflons ni de fanfare pour la célébration. Alexandre Bompard a offert un bouquet à une fidèle cliente née le même jour que le magasin et animé une réunion interne diffusée en ligne. L’orgie de consommation s’est transformée en réunion de contrôleurs de gestion.
rLe point de vente de 8.000 mètres carrés (il s’entendait sur 2.500 mètres carrés à ses débuts) a vieilli. L’étalement urbain de la banlieue l’a entouré de pavillons. Il s’est converti à la gestion au plus près que Carrefour baptise « Maxi ».
L’hypermarché décline dans les comptes de Carrefour. Le format pesait 58 % des ventes en 2012, il est descendu à 49 %. Le distributeur n’en ouvre plus et se déleste des unités en déficit auprès de franchisés qui ont l’énergie du redressement . Le développement du groupe passe par l’e-commerce et la proximité avec supermarchés.
L’endiguement du déclin passe par la maximisation de l’efficacité opérationnelle. L’inflation a remis le discount au goût du jour. Les hypermarchés de Carrefour ont gagné 350.000 nouveaux clients en 2022. Encore faut-il tenir les prix bas. La méthode Maxi optimise la logistique. Les rayons sont remplis de cartons « prêt-à-vendre » posés à même les gondoles. Plus besoin de sortir les articles un à un pour les reposer sur les étagères.
Au bout des allées, des palettes entières reposent à même le carrelage. « Une palette, c’est quatre fois moins de coûts logistiques que des cartons que l’on déballe », souligne Bruno Lebon, le directeur des hypermarchés. La massification dope aussi l’image-prix, comme la mise en avant des marques maison, dont Simpl pour les premiers prix. L’assortiment a été réduit de 10 % pour les produits de grande consommation et de 20 % pour le non alimentaire.
Etiquettes électroniques et caméras
« Paradoxalement, note Alexandre Bompard, les clients trouvent qu’il y a plus de choix ». Trop de choix tue le choix et nuit à la visibilité de l’offre. Les outils numériques améliorent la productivité. Au rayon yaourts, les étiquettes électroniques affichent les promotions. Des caméras identifient en direct les produits manquants. Les smartphones qui équipent le personnel donnent instantanément l’état des stocks.Les produits qui approchent de leur date limite de consommation sont évacués par des promotions qu’ un logiciel venu d’Israël calcule au plus juste . Des bandeaux numériques ceinturent les têtes de gondoles et affichent les publicités des marques. Les professionnels appellent cela le « retail media ».
Le magasin teste des chariots numériques grâce auxquels le consommateur scanne les étiquettes. Le grand écran affiche l’addition en temps réel.
Le nombre d’invendus diminue, celui des livraisons se réduit, un produit vendu sur deux arbore une marque propre, la satisfaction des clients augmente (+20 à l’indice NPS à Sainte-Geneviève-des-Bois).
Un premier groupe de 43 hypers aura adopté la méthode Maxi en 2023. Ce sera 100 % du parc des 253 unités en 2024. Les process et la technologie prolongent la vie de l’hypermarché. L’époque n’est plus au glamour.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
Leave A Comment