Véritable clé de l’économie française depuis de nombreuses décennies, le tourisme a basé ses innovations sur les méthodes traditionnelles de développement économique. Une approche qui présente les territoires comme des réserves statiques de ressources naturelles, humaines ou culturelles, destinées à être exploitées, et qui a provoqué un grand nombre d’impacts négatifs sur l’environnement et les populations locales.

Le développement du tourisme durable étant devenu une priorité pour préserver les richesses naturelles et culturelles du pays, la ruralité apparaît alors comme un potentiel levier pour aligner l’innovation sectorielle sur les enjeux actuels. Entre changement sur l’approche de l’innovation, les nouvelles attentes du marché et les initiatives du gouvernement, nous allons voir comment la ruralité et l’innovation forment une alliance prometteuse.

Le développement territorial et touristique doit s’adapter au contexte rural 
La dégradation des conditions environnementales et sociales en dépit d’une croissance fulgurante dans le secteur du tourisme a considérablement renforcé le déséquilibre territorial de la France. Notamment par la vision d’un développement économique envisagé au prisme des secteurs d’activité, des filières économiques, des équipements ou des infrastructures, qui sont peu adaptés aux territoires de faible densité. Une étude conduite par la Caisse des dépôts a par ailleurs pointé du doigt l’inadéquation des outils classiques du développement territorial à des contextes ruraux.

Il en est de même concernant l’approche métropolitaine de l’innovation, centrée sur les questions technologiques, de concentration des talents et d’équipements. Une lecture « technicisée » de l’innovation, adoptée par les principaux acteurs (les clusters, les technopoles et les districts technologiques) ne permettant pas de prendre en compte la complexité des interactions entre les différents acteurs et les ressources latentes. Il est essentiel d’adopter une définition très ouverte de la notion d’innovation pour observer les besoins et les solutions qui émanent localement des territoires eux-mêmes. Ce qui favorise le développement des différentes facettes de l’innovation, qu’elle soit technologique, socio-économique, culturelle, environnementale ou organisationnelle.

Comment repérer les acteurs informels, les idées latentes et les innovations ?
Les incubateurs se représentent comme un lieu d’échange et une structure d’innovation permettant l’accompagnement de proximité des acteurs informels qui dynamisent les territoires ruraux, dans la commercialisation, la digitalisation, la communication de leur projet. Pour répondre à son ambition de faire de la France la première destination touristique durable et innovante, France Tourisme Lab a développé 9 structures d’accompagnement. Plusieurs d’entre elles se spécialisent dans les territoires ruraux et jouent un rôle important dans l’émergence de nouvelles formes de tourisme.

Grégory Davaillaud, responsable du Slow Tourism Lab, affirme le dynamisme du développement touristique durable des territoires face aux nombreux projets qui se positionnent chaque année pour une demande d’incubation. Mis à part le respect et l’engagement envers les trois piliers du développement durable, qui est assez simple à cerner, étant un incubateur au positionnement fort et porteur de sens, l’accent est mis sur la vraie valeur ajoutée du projet. Une valeur qui se déploie au travers de l’articulation entre les tendances de consommation du marché et l’écosystème local, se différenciant de la concurrence, raconte t-il.

“Rendre de l’attractivité à la ruralité de la France” telle est l’ambition du Slow Tourism Lab selon Grégory Davaillaud, voyant de belles perspectives pour la structure. Avec notamment une ouverture vers l’international, aux côtés des territoires de Québec et Montréal, véritables pionniers de l’agritourisme, permettant un échange de vision et d’expertise.

Pour le responsable du Slow Tourism Lab, l’un des projets les plus marquants que le Slow Tourism Lab a accompagné jusqu’à présent est Destination parcs 2022 avec la Fédération des parcs naturels régionaux de France. Un beau projet toujours en cours de réinvention cette année, qui s’articule autour des formes de tourisme à propulser afin de promouvoir l’attractivité naturelle et culturelle des parcs nationaux de France.

L’innovation les yeux rivés sur les zones rurales
Longtemps caractérisée par ses activités outdoor, aujourd’hui la campagne possède une image revalorisée, en accord avec les nouvelles demandes du marché. Il s’agit pour les touristes d’un territoire possédant des valeurs, des savoir-faire, des traditions, des paysages et des patrimoines variés, mais également des activités nombreuses qui tendent à évoluer (randonnée, vélo, équitation, voies navigables). Ces territoires deviennent des destinations phares pour les courts séjours, dites micro aventure, aux côtés des séjours insolites et ludiques, renforcés par l’œnotourisme et l’agritourisme. Ces zones rurales représentent 80% du territoire français et 30% des nuitées du secteur, de quoi donner de la matière à la diversification de l’offre grâce à des innovations, à des acteurs et des réseaux locaux.

Dans un secteur dans lequel la ruralité se positionne au carrefour des grandes tendances de consommation, les réflexions se rejoignent sur les synergies à développer pour concevoir et maintenir un projet dans une approche durable. La prise en compte de la spécificité territoriale dans son intégralité et l’intégration des acteurs locaux, permettent au tourisme d’innover dans des projets en phase avec le développement local. Les incubateurs dans le tourisme responsable apportent une première grosse pierre à l’édifice, en favorisant l’émergence et le développement d’entreprises et en leur offrant un accompagnement personnalisé et des ressources adaptées à leurs besoins.

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