Il s’est levé à 5 h 15 du matin pour monter son cheval Folgoët, mais lorsqu’on le rencontre quatre heures plus tard dans la tour AXA de la Défense, il a l’air frais comme un gardon. Thomas Buberl, le patron du géant de l’assurance, est encore galvanisé par les trois jours qu’il vient de passer avec les 300 leaders de son groupe à Samoëns, dans les Alpes.

L’échange avec ses troupes est sans doute la clef du management de cet ovni du capitalisme français, dont il est devenu un pilier malgré ses origines allemandes. « Il faut avoir des équipes dans lesquelles la confiance est totale et qui ont envie de travailler ensemble pour que le directeur général puisse jouer son rôle de chef d’orchestre. On est beaucoup plus dans l’empathie que dans le ‘Je sais tout, je fais tout et je décide tout.’ »

Il appelle cela « l’empowerment », un concept pas facilement traduisible qui signifie donner le pouvoir aux troupes. « J’ai appris cela grâce à l’équitation. Si vous voulez sauter ou franchir des obstacles, il faut relâcher les rênes plutôt que tirer dessus. Sinon, le cheval se crispe. Mais c’est très contre-intuitif », dit le patron de 50 ans.

Tous ceux qui faisaient partie de l’équipe de son prédécesseur, Henri de Castries, n’ont pas adhéré. Certains, qui soutenaient plutôt son concurrent Nicolas Moreau, ont quitté le navire avec fracas avant même sa prise des commandes, en septembre 2016. Et sur la durée, tout le monde n’a pas l’air de suivre le rythme non plus : le patron a modifié plusieurs fois son état-major en sept ans.

« Payer to partner »
Mais la méthode semble porter ses fruits : après un passage à vide durant le Covid, AXA a renoué avec les sommets en Bourse, même si le groupe vaut encore 24 milliards d’euros de moins que son grand rival allemand, Allianz, valorisé 86 milliards. Au-delà de la méthode, cette réussite repose d’abord sur la stratégie définie par Thomas Buberl dès son arrivée.

Pour lui, l’assureur ne doit pas seulement « payer les factures », mais accompagner ses clients s’il veut se différencier des nouveaux concurrents issus notamment du numérique. Un vrai changement de rôle « payer to partner », aime à résumer l’ancien consultant au BCG. Surtout, il veut réduire massivement le risque financier d’AXA, en réduisant le poids de l’assurance-vie, et augmenter à l’inverse l’exposition au risque dit technique, c’est-à-dire la couverture des dommages.

Mais ce qui semble limpide en théorie doit être mis en pratique. Thomas Buberl commence par céder progressivement Life Equitable, la prestigieuse filiale américaine. Son plus gros coup sera l’acquisition de XL Groupe, en mars 2018. Sur le papier, celle-ci répond à la stratégie : XL est le leader mondial de l’assurance des grands risques industriels.

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