Les propositions de reprise de Casino continuent de s’affiner. La direction, les créanciers et les repreneurs potentiels se sont réunis mardi après-midi à Bercy sous l’égide des conciliateurs et du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Le duo Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) d’un côté, le trio Zouari-Niel-Pigasse réunis dans 3F, de l’autre, ont présenté leur plan d’affaires pour la survie du distributeur aux 50.000 employés français.

Ils bénéficieront ensuite de plusieurs jours pour peaufiner leurs offres qui, selon nos informations, seront toutes deux relevées. C’est en tout cas certain pour les partenaires de 3F. « Nous allons soumettre une offre révisée », affirme Matthieu Pigasse aux « Echos » sans pour autant dévoiler ses cartes à ce stade de la partie de poker.

« Nous avons entendu les remarques »
« Nous sommes dans une logique partenariale ouverte à tous sans condition de niveau de détention de capital. Nous avons entendu les remarques et sommes prêts à faire évoluer notre offre », ajoute le banquier qui précise que « les salariés sont au coeur de notre projet, car ils sont le coeur de l’entreprise ». L’état des comptes de l’entreprise importera. Le groupe brûle du cash tous les mois.

Les associés de 3F n’ont pour l’heure promis de ne sortir que 175 millions d’euros de leur poche sur un apport total de 900 millions d’argent frais, dont la moitié sous forme de dette super senior, alors que l’endettement du distributeur stéphanois – avant restructuration – dépasse aujourd’hui les 7 milliards d’euros. De leur côté, Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière mettent à deux sur la table près de 900 millions d’euros pour un montant de « new money » total de 1,35 milliard, en intégralité sous forme de fonds propres. Ce qui leur donne l’avantage, au moins sur le papier.

Mais 3F a dans sa manche le soutien d’une partie des créanciers de Casino qui vont peser lourd dans les trois semaines de négociations à venir. Le trio s’est associé avec les fonds anglo-saxons Attestor, Davidson Kempner et Farallon CM qui représentent à eux trois une part « substantielle » de la dette dite « sécurisée », c’est-à-dire garantie sur des actifs, selon l’équipe 3F. « Ayant convaincu les principaux, on peut espérer que les autres suivent. Les prêteurs avancent généralement ensemble » assure un banquier d’affaires, d’autant que les créanciers non sécurisés sont aussi prêts à remettre au pot de façon conséquente – le chiffre de 600 millions d’euros a été évoqué – pour tenter de se refaire.

A contrario, l’offre concurrente du milliardaire tchèque réserve pour l’heure un traitement de choc aux créanciers, notamment sécurisés, qui devraient convertir 1,5 milliard de dettes en capital avec une décote de 75 %, « irréalisable » aux yeux du trio.
Moez-Alexandre Zouari, Xavier Niel et Matthieu Pigasse contrebalancent le poids des créanciers dans leur projet par l’acceptation par ces derniers d’une gouvernance française avec un président du conseil choisi par 3F comme le directeur général, qui sera Moez-Alexandre Zouari, le franchisé Franprix et président de Picard qui revendique une expérience de trente ans dans le secteur. Un homme « du carrelage », comme on dit dans la distribution.

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