Des camions électriques qui se rechargent tout en roulant : c’est la solution technologique que s’apprête à tester Vinci Autoroutes en conditions réelles sur deux petites portions de l’A10. « Une première mondiale », s’enorgueillit même l’exploitant dans un communiqué publié ce jeudi.

Pour lutter contre le changement climatique, la décarbonation des poids lourds et des cars (qui représentent un quart des émissions du transport routier) est un impératif. Mais convertir ces gros véhicules est encore plus compliqué que pour les voitures particulières. Dans l’état actuel de la technologie, un camion doit embarquer une batterie pesant trois à quatre tonnes pour atteindre une autonomie de 700 kilomètres, ce qui réduit sa capacité de chargement tout en demandant d’énormes quantités de matières premières.

Un rail comme pour le métro
Plusieurs industriels du secteur ( Bosch , Daimler, Volvo, Iveco…) cherchent à contourner la difficulté en travaillant sur des motorisations à hydrogène. Mais une autre piste existe : la recharge de la batterie pendant que le camion roule. Cette voie est présentée comme très prometteuse par un rapport de novembre 2021 remis au ministère de la Transition énergétique, car permettant de réduire considérablement la taille de la batterie.
Déjà largement utilisée pour faire circuler certains métros (à Paris par exemple), une des solutions consiste à installer sur le sol un rail auquel se connecte le véhicule pour récupérer l’électricité. Cette technologie va être expérimentée par Vinci Autoroutes sur deux kilomètres de l’autoroute Paris-Orléans, en amont du péage de Saint-Arnoult.

Bobines magnétiques
Un peu plus loin, une portion d’une taille identique servira à tester une solution de recharge par induction (comme le font les téléphones portables), grâce à des bobines magnétiques enfouies sous le bitume. Dans les deux cas, les chargeurs ne s’activeront qu’avec des véhicules compatibles.
L’objectif est d’étudier la viabilité de ces deux techniques à vitesse commerciale et dans des conditions de circulations réelles. Seront scrutées évidemment l’efficacité énergétique, mais aussi les risques pour la sécurité routière, ou encore l’impact des conditions météorologiques.
Le projet, qui coûtera 26 millions d’euros sur trois ans, doit débuter à partir de septembre, indique Vinci Autoroutes. Il bénéficiera d’un financement public dans le cadre de France 2030. Vinci Construction, la société Hutchinson (qui fournira les bobines) et l’Université Gustave Eiffel sont également partie prenante.

Bientôt des caténaires en Alsace
Considérée comme plus mature technologiquement, une autre voie consiste à installer des caténaires comme dans le ferroviaire, pour alimenter des poids lourds dotés de pantographes. Après l’Allemagne et la Suède, la France s’apprêterait à lancer une expérimentation en Alsace à l’horizon 2026.
Si l’une de ces techniques parvient à prouver son efficacité, la recommandation du rapport de 2021 était de viser un déploiement à l’échelle européenne, pour atteindre 8.850 kilomètres d’autoroutes électriques en 2035. Présidé par Patrick Pélata, l’ancien numéro deux de Renault, le groupe de travail évaluait le coût des travaux à 30 milliards d’euros pour la solution caténaire, et 36 milliards pour la solution par rail.

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