La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest regroupe 15 membres, dont le Niger où les militaires ont pris le pouvoir. La Cedeao menace d’intervenir.

Par Clément Machecourt

Publié le 03/08/2023 à 06h00
Temps de lecture : 3 min

Tandis que la France rapatrie ses ressortissants et assure qu’elle ne compte intervenir militairement contre les putschistes qui ont pris le pouvoir au Niger, la Cedeao hausse le ton. Derrière cet acronyme qui désigne la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, 15 pays se sont engagés sur plusieurs principes fondamentaux : égalité et interdépendance des États membres, solidarité, maintien de la paix, droit de l’homme…
L’organisation se retrouve en première ligne pour gérer la crise. Après avoir pris des mesures de rétorsion économiques et de blocus, certains de ces membres pourraient intervenir militairement pour remettre au pouvoir le président nigérien démocratiquement élu, Mohamed Bazoum.

Promouvoir l’intégration économique
Créée le 28 mai 1975, la Cedeao a pour pays fondateurs le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone, le Sénégal et le Togo. Le Cap-Vert rejoint la communauté en 1977, tandis que la Mauritanie la quitte en 2000, avant d’en devenir membre associé en 2017. Le siège de la Cedeao est à Abuja, la capitale du Nigeria, où siège une commission composée d’un président, actuellement le Gambien Omar Alieu Touray, assisté d’une vice-présidente et de cinq départements. L’objectif premier est de « promouvoir l’intégration économique dans la région », indique sur son site la Cedeao.
Les projets phares sont la libre circulation des personnes – près de 300 millions d’habitants – entre les États et la création d’une monnaie commune, l’eco, dont la mise en service est sans cesse reportée. Le processus économique se double d’un aspect politique, avec le « règlement pacifique des différends entre les États membres » ou encore la « promotion et la protection des droits de l’homme et des peuples ».

Intervention militaire ?
Après avoir condamné le coup d’État militaire au Niger, la Cedeao a mis en place toute une batterie de mesure de rétorsion le 30 juillet. Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cedeao et du Niger, zone d’exclusion, suspension des transactions commerciales… Bref, un véritable blocus économique pour faire plier les putschistes et ramener Mohamed Bazoum au pouvoir. Les États membres se sont engagés également à « prendre toutes les mesures nécessaires, au cas où les exigences de la Conférence ne seraient pas satisfaites dans un délai d’une semaine, pour assurer le rétablissement de l’ordre constitutionnel en République du Niger. Lesdites mesures peuvent inclure l’usage de la force ». La Cedeao possède une « Force en attente », anciennement appelée Ecomog.
Ces soldats, surnommés les « casques blancs », ont été jusqu’à 20 000 entre 1990 et 1998 lors de leur premier déploiement au Liberia, selon France 24. Ils interviennent en Sierra Leone, plongée alors en pleine guerre civile (1997-2000), en Guinée-Bissau (1998-1999 et 2012), de nouveau au Liberia (2003) et en Côte d’Ivoire (2003-2004). La Force se relève incapable, en revanche, en 2012, de stopper l’offensive djihadiste au Mali, avant l’intervention de la France.
Principal pays fournisseur des troupes de la Force en attente, le Nigeria est le pays le plus vindicatif vis-à-vis des putschistes nigériens. Cependant, la Cedeao n’avance pas unie. Le Mali et le Burkina Faso, secoués récemment par des coups d’État militaires, ont apporté leur soutien aux putschistes, en affirmant que « toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ».

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