Après BlackRock en mars dernier, S&P Global Ratings ferait-il aujourd’hui profil bas sur l’ESG ? Vendredi, l’agence de notation américaine a déclaré qu’elle ne publierait plus de nouveaux indicateurs ESG dans ses rapports de crédit et qu’elle renonçait à mettre à jour ceux qui existaient déjà.
C’est en 2021 que le concurrent de Moody’s a commencé à mettre en place cette pratique en recourant à une échelle alphanumérique pour les entités cotées en Bourse dans certains secteurs et classes d’actifs. Les notes allaient de 1 à 5 pour l’exposition à chaque élément du risque environnemental, social et de gouvernance (plus la note était élevée, et plus le risque était grand). Ces indicateurs avaient pour but d’illustrer et de résumer la pertinence des facteurs ESG pour l’analyse de la notation de crédit. L’impact de ces facteurs ESG était par ailleurs décrit plus longuement et faisait l’objet de paragraphes entiers dans les rapports de S&P Global Ratings.
« Après un examen approfondi, nous avons déterminé que les paragraphes analytiques narratifs de nos rapports de notation sont les plus efficaces pour fournir des détails et de la transparence sur les facteurs ESG. Ces derniers resteront par conséquent partie intégrante de nos rapports de notation », a indiqué l’agence dans un communiqué. Autrement dit, elle continuera à écrire ces commentaires, mais enlèvera le chiffre.
Risque de confusion
Par ailleurs, S&P Global Ratings explique qu’une autre entité du groupe, à savoir S&P Global Sustainable One note, elle, le risque de durabilité d’une entreprise en tant que tel et non pas comme une circonstance venant aggraver ou atténuer le risque de crédit. Cette évaluation fait l’objet d’un score, qui va de 1 à 100. Parfois, les investisseurs ou les utilisateurs peu aguerris confondaient les deux notes. A titre d’exemple, l’impact des facteurs ESG dans l’analyse de crédit de Veolia est noté E-2, S-2, et G-2. La notation extra-financière du groupe est de 83 sur 100. Dans ce cas, plus la note est élevée, plus la performance extra-financière est bonne.
Certains observateurs croient percevoir dans ce changement de pratique la main des Républicains qui bataillent depuis plus d’un an contre les initiatives ESG aux Etats-Unis et font pression sur les grands noms de la finance pour qu’ils les suivent dans cette voie. Certains procureurs généraux des Etats conservateurs avaient, d’ailleurs, ouvert l’année dernière une enquête sur l’utilisation de ces facteurs par S&P Global Ratings. L’agence de notation, elle, ne veut pas donner l’impression d’avoir cédé à la pression et soutient que sa décision vise à éviter toute confusion entre les différents types de notes.
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