Robot humaniste

À travers l’évolution de Hopi, Jour zéro apparaît aussi comme un récit initiatique – on aurait parlé autrefois de roman « d’apprentissage ». Personnage central de cette magistrale aventure, le robot ne cesse d’apprendre au fil de sa cavale. Sa pensée s’humanise, et une pointe de tendresse inattendue finit par pointer, tandis que ses connections internes tentent d’appréhender une situation imprévue : « Ezra m’a serré tellement fort. Il ne lui restait plus que moi au monde, je le comprenais parfaitement. Pour la première fois de toute notre relation, je me sentais comme un de ses parents. Je comprenais ce que ça signifiait d’avoir pour priorité absolue de le garder en vie. Ce que c’était d’aimer réellement, profondément ». 

Si ce n’est le sentiment lui-même, c’est bien la compréhension de ce sentiment que l’IA réussit ici à parfaire. La machine intègre dans son programme ce qui dépasse le calcul : Hopi doit apprendre à être gentil, pense-t-il, parce qu’Ezra doit survivre seul. Il n’y parviendra que s’il est bienveillant, il est donc nécessaire qu’il ait un modèle. Au-delà de la science-fiction, Jour zéro, récit viscéral à la fois trash et tendre, brutal et émouvant, s’inscrit ainsi dans la grande tradition du roman américain, aux côtés de chefs-d’œuvre tels que La conquête du courage de Stephen Crane ou La trilogie des confins de Cormack Mc Carthy.

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