Les banques qui ont prêté de l’argent à Elon Musk pour racheter Twitter s’en mordent les doigts aujourd’hui. Un an plus tard, ces sept banques – dont Morgan Stanley, Bank of America et Barclays, mais aussi BNP Paribas et Société Générale – ne sont toujours pas arrivées à revendre cette dette.
Il y a un an, Elon Musk a été contraint par la justice de racheter Twitter pour 44 milliards de dollars. Sur cette somme, 13 milliards provenaient de prêts. En temps normal, ces banques auraient revendu cette dette à d’autres investisseurs peu de temps après l’acquisition.
Mais la valeur de Twitter – rebaptisé X – s’est effondrée depuis le rachat. Les sept banques souhaitent revendre cette dette, mais elles devraient en tirer un prix inférieur aux montants prêtés, selon les informations du Wall Street Journal. Le quotidien américain évalue que leurs pertes devraient s’élever à 15 % de ce montant au moins, soit 2 milliards de dollars.
Fuite des annonceurs
Le management erratique d’Elon Musk, qui a licencié la majeure partie des employés de Twitter et décimé les équipes de modération, a fait fuir les annonceurs. Les publicités constituaient l’essentiel des revenus du réseau social avant son rachat. Le nouveau patron a tenté de diversifier ces ventes en promouvant les abonnements sur le site, avec des résultats mitigés.
« Musk n’a pas réussi à apporter d’améliorations concrètes à la plateforme, et il n’est pas plus près de sa vision d’une ‘appli qui fait tout’ qu’il y a un an », relève Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence. « A la place, X a fait fuir les utilisateurs, les publicitaires, et maintenant il a perdu ce qui faisait sa valeur dans le monde des réseaux sociaux : être l’endroit où converge l’actualité. »
Résultat : les revenus du réseau social sont en chute libre. X, qui n’est plus coté, ne publie pas ses résultats, mais Insider Intelligence estime que ses revenus publicitaires s’élèveront à 1,89 milliard de dollars cette année, contre 4,12 milliards estimés en 2022. Les revenus d’abonnements sont pour l’instant loin de compenser cette perte.
Des profits très incertains
Malgré ce recul, la nouvelle PDG de X, Linda Yaccarino, affirme que le réseau social est « à peu près à l’équilibre » grâce aux milliers de licenciements qui ont fait baisser les coûts. Elle affirme que l’entreprise sera dans le vert l’année prochaine. Mais la plateforme doit désormais rembourser la dette contractée par son propriétaire. Ce qui nécessitera de dégager des profits substantiels.
Pour l’instant, la plateforme n’en prend pas le chemn. Selon les données de Similarweb, le trafic a baissé de 14 % en un an. Et le cabinet de conseil Ebiquity, qui travaille avec 70 des 100 marques qui dépensent le plus en publicités aux Etats-Unis, estime que deux de ses clients seulement achètent des espaces sur X. Avant le rachat de la plateforme par Elon Musk, c’était le cas de 31 d’entre eux.
« Junk bond »
Avant de revendre la dette Twitter, les banques doivent obtenir une notation d’agences comme Moody’s et S&P. Or, cette plateforme était considérée comme un investissement spéculatif (« junk bond ») avant même son rachat par Elon Musk. Il est très peu probable que cette note se soit améliorée depuis lors, d’autant plus que X est aujourd’hui très endetté.
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