Un an après son acquisition par Elon Musk, le réseau social qui s’appelait Twitter est bel et bien décidé à devenir un géant de la finance. Rebaptisée « X », la plateforme veut en l’espace de quelques mois remplacer la banque de ses clients, comme l’a expliqué le milliardaire lors d’une conférence téléphonique avec les salariés de l’entreprise, fin octobre.

Son but : transformer X en « application qui comporte tout », sur le modèle du chinois WeChat… mais aussi de sa première version X.com. Créée par Elon Musk lui-même à l’automne 1999, cette plateforme proposait toute une palette de services financiers en ligne avant de fusionner avec PayPal, qui conservera sa technologie… mais débarquera Elon Musk.

« Plus besoin de compte en banque »
Vingt ans plus tard, celui qui entre-temps a créé Tesla et SpaceX veut prendre sa revanche dans les services financiers. « Quand je parle de paiements, je veux dire la vie financière tout entière d’un individu. Si cela implique de l’argent, cela sera sur notre plateforme », a-t-il assuré, en réponse à la question d’un employé.
« Cela ne signifie pas seulement envoyer 20 dollars à un ami. Ce que je veux dire, c’est que vous n’aurez plus besoin de compte en banque », a insisté Elon Musk. Le milliardaire a ajouté : « Cela m’étonnerait beaucoup si nous n’avons pas déployé ça d’ici la fin de l’année prochaine. »
Le réseau social rejoindrait ainsi les géants américains de la tech Apple, Google, Meta (ex-Facebook) ou Amazon, qui poussent de plus en plus leurs pions dans la finance.

Une « application qui fait tout »
Au moment où Twitter a changé de nom pour X, sa PDG Linda Yaccarino a déclaré que la plateforme constituerait « le futur de l’interactivité illimitée – centrée autour de l’audio, de la vidéo, des messages, des paiements/de la banque – créant un marché mondial des idées, des biens, des services et des opportunités ».
Par le passé, Elon Musk a exprimé son admiration pour WeChat, l’application chinoise qui permet d’échanger avec ses amis, mais aussi de commander un VTC, se faire livrer un plat, régler ses factures, payer un billet de train ou d’avion, etc.
« Quand vous êtes en Chine, vous vivez sur WeChat, s’émerveille-t-il sur le podcast ‘All-In’. Ça fait tout. C’est comme Twitter plus PayPal plus plein d’autres choses, tout-en-un, avec une excellente interface. »

Licences de paiement
Depuis son rachat par le patron de Tesla, Twitter a lancé un service d’appels audio et vidéo réservé aux abonnés. La plateforme a introduit un système de partage des revenus publicitaires avec certains abonnés payants. Et elle permet désormais aux entreprises d’indiquer sur leurs profils si elles cherchent à recruter.
Tous les changements mis en oeuvre par Elon Musk ne réussissent pas. La plateforme, qui ne compte plus que 1.500 employés sur 8.000 au moment du rachat, vaut désormais 19 milliards de dollars , et non plus 44 milliards, le montant déboursé par le milliardaire. Selon les données de Sensor Tower, le nombre d’utilisateurs a reculé de 16 % en un an…
Cela n’empêche pas X de préparer concrètement ses projets. Dans le but de permettre aux utilisateurs d’effectuer des paiements sur la plateforme, la société a obtenu des licences de paiement dans sept Etats américains : Rhodes Island, l’Arizona, le Maryland, la Géorgie, le Michigan, le Missouri et le New Hampshire. Certaines d’entre elles lui permettent aussi de lancer des services de paiement en cryptomonnaies.

Compte d’épargne
L’année dernière, peu après le rachat, Elon Musk avait donné quelques indications sur les services financiers qu’il voudrait lancer. Pour commencer, la plateforme pourrait donner de l’argent à ses utilisateurs. « Donnez-leur une certaine somme d’argent, 10 dollars par exemple, qu’ils peuvent envoyer partout dans le système », expliquait le milliardaire.
« Puis nous établirons un compte d’épargne […] à haut rendement, de telle sorte qu’avoir un solde positif chez Twitter serait la chose qui rapporterait le plus, poursuivait-il. Vous aurez un solde chez Twitter qui peut être positif ou négatif. Si c’est positif, le taux d’intérêt sera meilleur que ce que vous avez ailleurs, et si c’est négatif, le taux d’intérêt est plus bas que ce que vous payez ailleurs. »
Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle d’Apple, dont le nouveau compte d’épargne Savings est rémunéré 4,15 %. En face, les banques rémunèrent les dépôts de leurs clients nettement en dessous de 1 %.
Lors du rachat de Twitter, Elon Musk envisageait aussi d’envoyer automatiquement une carte de débit et des chéquiers aux personnes qui ont une certaine somme d’argent sur leur compte. « Si nous fournissons tout ce dont les gens ont besoin pour leurs finances, nous serons l’institution financière de choix » pour une partie de l’humanité, se prenait à rêver le milliardaire.

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