Dans la débâcle WeWork, tout le monde n’a pas perdu au change. Les clients, d’abord. Pendant des années, ils ont profité de bureaux partagés idéalement situés au coeur des plus grandes villes, avec un personnel avenant et du café à volonté, pour un tarif modique. Adam Neumann, ensuite. Le fondateur et ex-PDG a quitté le navire suffisamment tôt pour devenir riche – à un moment où il lui était encore loisible de négocier sa sortie.

En mai, Adam Neumann, 44 ans, était encore crédité d’une fortune personnelle de 2,2 milliards de dollars dans l’index des milliardaires de Forbes. Cette fortune était due en grande partie à une participation de plus de 10 % dans WeWork, dont la valeur a fondu depuis . Mais l’homme d’affaires a également réinvesti son parachute doré de 2019 dans de nouvelles entreprises immobilières.
En août 2022, l’un des principaux fonds de capital-risque de la Silicon Valley, Andreessen Horowitz, a ainsi annoncé investir 350 millions de dollars dans sa start-up Flow, un chèque plus généreux que son habitude.

Investissements dans l’immobilier résidentiel
Un an après, Flow ne dispose que d’une page Web sommaire avec des offres d’emploi. Mais l’investisseur Marc Andreessen ne tarit pas d’éloges sur cette start-up qui doit révolutionner la vie des locataires résidentiels, avec ses services « guidés par un sens de la communauté », « centrés sur l’expérience » et ayant recours aux « dernières technologies ».
« Flow a commencé à s’attaquer à la crise du logement aux Etats-Unis », s’est avancé Adam Neumann sur CNBC fin octobre . « Si j’ai 22 ans, je vais être locataire pendant encore 10 ou 20 ans. J’ai besoin d’une expérience élevée. Je vais aussi dépenser un tiers de mon revenu pour me loger, cela a du sens de le faire là où j’appartiendrai à une communauté », a-t-il expliqué.
Adam Neumann a en tout cas investi dans l’immobilier résidentiel depuis 2019. Selon les médias américains, l’entrepreneur israélien, qui vit à New York avec son épouse Rebekah et leurs six enfants, a acquis à travers divers véhicules plusieurs milliers de logements, principalement dans les villes du Sud qui attirent les Américains : Miami, Atlanta, Nashville, etc.

Ebitda « ajusté à la communauté »
Ironie du sort, Adam Neumann est (re-) devenu milliardaire grâce à son successeur, qui a introduit WeWork en Bourse en 2022 – ce que lui-même n’était pas parvenu à faire. Il a, en effet, été poussé à la démission par ses investisseurs en 2019, alors qu’il était sur le point de coter l’entreprise à New York. Benchmark Capital, JP Morgan et SoftBank ont soudain réalisé que le rythme de consommation de cash de WeWork était intenable et qu’il fallait changer le capitaine.
La série TV « WeCrashed », qui raconte l’ascension et la chute d’Adam Neumann, montre la stupeur des analystes lorsque WeWork a publié pour la première fois sa documentation financière, avec des indicateurs comme l’excédent brut d’exploitation « ajusté à la communauté », des dépenses somptuaires telles qu’un jet privé et surtout l’absence de modèle économique.
Les excentricités du couple Neumann ont aussi fait lever des sourcils, de l’omniprésence de sa femme Rebekah aux décisions impulsives d’Adam, comme l’interdiction de manger de la viande pour les employés.

« Regrets multiples »
Le charisme du fondateur et son toupet lui ont certes permis de lever des milliards de dollars, suscitant en retour toujours plus d’admiration dans l’élite du business. Mais la déception a été grande lorsqu’il est apparu qu’il avait acheté à son nom de l’immobilier pour le louer à WeWork, et vendu la marque « We » à l’entreprise pour 5,9 millions de dollars.
Interrogé sur les malheurs récents de WeWork par CNBC, Adam Neumann a expliqué qu’il n’avait plus de rôle opérationnel depuis quatre ans. En 2021, auprès du « New York Times » , il a exprimé des « regrets multiples » et expliqué que la valorisation de 47 milliards de dollars en 2019 lui était « montée à la tête ». Aujourd’hui, l’entreprise ne vaut plus que 44 millions sur les marchés.

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