Pannes à répétition, profit warning, audit du superviseur allemand qui l’oblige à se séparer de certains clients, effondrement en Bourse, etune possible sortie du CAC 40 d’ici quelques semaines… C’est une série noire comme on en voit peu que traverse le champion français des paiements Worldline depuis la fin octobre.

Des déboires liés en grande partie à la croissance fulgurante de l’ex-filiale d’Atos, réalisée au moyen de nombreuses acquisitions au fil des ans, estiment les spécialistes.

« Worldline est un acteur majeur des paiements européens qui est présent dans plusieurs pays et fait un travail important et difficile pour assurer une souveraineté européenne. Il fait actuellement face à certaines difficultés opérationnelles, mais la gestion des flux de paiement est par nature très compliquée, d’autant plus lorsqu’on a un ensemble de solutions appliqué à un patchwork de marchés européens », explique aux « Echos » Hervé Sitruk, le président de France Payments Forum.

Audit du régulateur allemand
La série noire a commencé par une panne majeure sur l’une de ses plateformes le 21 octobre, qui a frappé de grands distributeurs dont Carrefour, Auchan et Monoprix.
C’est ensuite l’annonce de ses résultats, le 25 octobre , qui a fait l’effet d’une douche froide sur les investisseurs. Worldline a non seulement revu ses objectifs à la baisse, mais expliqué qu’il avait dû se séparer de certains clients en Allemagne en raison de risques de cybercriminalité à la suite d’un audit de la BaFin, le superviseur financier allemand. Un manque à gagner qui représente 130 millions d’euros de chiffre d’affaires sur douze mois. Le groupe a par ailleurs annoncé un plan d’économie.

Chute de 60 % en Bourse
La sanction a été immédiate. Le groupe a plongé de près de 60 % à Paris, soit la plus forte chute en une journée d’une entreprise du CAC 40 ces vingt dernières années. Si son cours s’est légèrement repris depuis, la valorisation de Worldline est tombée en moins d’un mois de plus de 7 milliards d’euros à 4 milliards.

Alors que le groupe faisait son possible pour rassurer les investisseurs et ses clients, une seconde panne est survenue le 7 novembre. Un incident malvenu au moment où Worldline est en train de monter une coentreprise avec Crédit Agricole pour servir tous les commerçants de la banque verte.
Pour les connaisseurs du secteur, Worldline paie les conséquences d’une croissance fulgurante qui l’a poussé à racheter de nombreuses sociétés de paiement en Europe, dont Ingenico, sans parvenir à réellement les intégrer.
« Ils ont beaucoup empilé les plateformes et maintenu toutes ces infrastructures en parallèle, c’est très lourd, explique un spécialiste des paiements. Il y a certainement eu de la surchauffe. Cela requiert maintenant un grand plan d’optimisation et c’est ce que Worldline est en train de faire. »
Toutefois, cet expert estime que la sanction en Bourse est démesurée pour une société qui a de belles perspectives de croissance dans un secteur où la digitalisation des paiements n’est pas près de s’arrêter. Un autre connaisseur du secteur juge au contraire que la sanction n’est pas étonnante : l’annonce de la perte des clients allemands en même temps que la révision de ses objectifs n’est pas le signe d’une grande maîtrise, pointe-t-il.

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