Un virage mal négocié et c’est la sortie de route assurée. Depuis quelques mois, les difficultés s’enchaînent pour les start-up françaises de la mobilité, sur fond de crise des financements et de course à la rentabilité – une chose peu partagée dans le secteur.
La dernière à traverser un trou d’air est Carlili, un néo-loueur de voitures sans agence qui avait annoncé en 2022 une levée de fonds de 24 millions d’euros auprès de la Banque des Territoires et du Fonds de modernisation écologique des transports (Demeter). Ce tour comprenait un mélange d’equity et d’obligations convertibles. Mais, au final, la start-up assure n’avoir touché que « 10 millions d’euros ».
« Les fonds avaient le choix d’abonder ou non les tranches suivantes. Ils ont choisi de ne pas le faire en raison de l’environnement du financement, qui était devenu plus compliqué, et parce qu’ils étaient exposés, dans leur portefeuille, à d’autres start-up de mobilité qui ont rencontré des difficultés », affirme Vincent Moindrot, le fondateur et dirigeant de Carlili.
Cessation de paiements
Carlili est aujourd’hui en cessation de paiements et a été placée en redressement judiciaire en octobre. Pour comprimer ses coûts, elle a quitté Lyon, a divisé sa flotte par trois et s’est séparée de salariés. Malgré tout, Vincent Moindrot se dit « optimiste » sur l’avenir de Carlili.
« Je porte un plan de continuité qui permettrait de sortir de cette période de redressement judiciaire par le haut », insiste-t-il. Le patron confie, par ailleurs, que des repreneurs se sont manifestés. Selon nos informations, la société de conseil ACPA, dirigée par Christophe Chavanne (ex-Mazars et Saint-Gobain), est l’un d’entre eux.
Carlili est en phase d’observation pendant six mois et continue d’opérer en Ile-de-France. « Notre taux de satisfaction client n’a jamais été aussi bon », affirme Vincent Moindrot. La jeune société est en concurrence sur ce marché avec des acteurs historiques, comme Hertz, Sixt ou Avis.
Elle n’est pas la seule start-up de location de voitures à souffrir : Toosla enchaîne les résultats financiers décevants et a vu son titre être divisé par 3,5 depuis son introduction en Bourse en 2021. Son président, Jean-François Boucher, a dévoilé en octobre une nouvelle feuille de route « qui doit mettre la société sur la voie de la croissance rentable ».
Cityscoot en danger
Dans la micromobilité, le paysage est aussi morose. En cessation de paiements, Cityscoot se dirige vers un redressement judiciaire. L’ancien membre du Next40, qui a souffert de la crise du Covid-19 et de l’essor du télétravail, est à la recherche d’investisseurs pour acheter des nouveaux scooters électriques.
« Ce projet de renouvellement de la flotte, essentiel pour la rentabilité du modèle et pour atteindre les objectifs de notre business plan 2025, nécessite des financements complémentaires », a fait récemment savoir la start-up qui, cet été, a remporté un appel d’offres de cinq ans à Paris, aux côtés de Yego et Cooltra.
Si elle échoue dans sa quête, Cityscoot risque de ne pas être capable de tenir ses engagements. Cela jetterait un discrédit supplémentaire sur la mairie dirigée par Anne Hidalgo (PS), qui a subi, dans le passé, la défaillance d’Autolib et est encore attaquée pour sa gestion du dossier Vélib’, confié à Smovengo (un consortium créé autour de la start-up Smoove) et qui enchaîne les déboires opérationnels et financiers depuis 2018.
Cyclofix, le spécialiste de la réparation de vélo qui avait séduit Decathlon, a, lui, été placé en liquidation judiciaire. Selon nos informations, la start-up a été en partie reprise par Beweel Society, qui récupère la plateforme et huit salariés. Contacté, Arnault Gournac, le dirigeant de Beweel Society, confirme l’opération. L’atelier d’Ivry-sur-Seine de Cyclofix, qui a pour client Vélib’, est en liquidation judicaire avec poursuite d’activité.
Kiffy disparaît du paysage
La marque de vélo-cargo électrique Kiffy n’a pas eu cette chance et vient de mettre la clé sous la porte. Elle assure avoir souffert des retards de son fournisseur Bosch, ce qui a plongé ses finances dans le rouge.
La jeune pousse misait gros sur son nouveau modèle de longtail (Capsule MT Smart), un type de vélo-cargo qui a le vent en poupe. Elle a également souffert de l’arrivée de nombreux concurrents sur ce marché (Decathlon, Gaya, Moustache, O2Feel, etc).
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