Une catastrophe pour les compagnies empruntant cette liaison, le seul point de passage sur l’axe Paris-Lyon-Milan. En 2022, quelque 10.500 trains ont emprunté la ligne transfrontalière électrifiée de Savoie, dont 3.580 TGV sur l’axe Paris-Turin-Milan et 6.884 trains de fret transportant 2,7 millions de tonnes de marchandises diverses, soit l’équivalent de 170.000 camions . Au sein des compagnies, on s’adapte comme on peut. La SNCF a stoppé ses trois allers-retours quotidiens entre France et Italie qui étaient rentables, de même que Trenitalia pour ses deux trajets inaugurés fin 2021.

Le transporteur aux TGV rouges les a rapatriés sur le tronçon domestique Paris-Lyon, pour repasser dans quelques jours de 3 à 5 parcours quotidiens. Malgré cet imprévu majeur, le concurrent de la SNCF est là pour rester. « Nous avons fait un plan d’offre alternatif, avons gardé Paris-Lyon, ce qui n’était pas évident, et allons assurer deux trajets Lyon-Chambéry les week-ends. Nous sommes convaincus du retour de la clientèle France-Italie quand la ligne rouvrira », estime Roberto Rinaudo, le directeur général France de Trenitalia. En attendant, celui-ci attend d’avoir plus de lisibilité sur le calendrier.
Du côté du fret, un opérateur comme DB Cargo, par exemple, qui assurait avant l’éboulement 18 allers-retours hebdomadaires via ce précieux corridor, a trouvé une solution de remplacement pour 5 allers-retours seulement via la Suisse, malgré des contraintes d’exploitation et de coûts supplémentaires. Les milieux économiques du Nord de l’Italie, très dépendants de cette liaison, admettent très mal les longs délais de fermeture qui s’annoncent pour la Maurienne, allant jusqu’à proposer une assistance technique et financière à la France, restée sans réponse, selon plusieurs sources.

Inévitable report modal
Face à cette impasse au long cours, la conséquence ne peut être que le report modal, en faveur de modes carbonés. Les marchandises se reportent déjà sur le camion, via le tunnel du Fréjus beaucoup plus emprunté qu’à l’ordinaire. Et les passagers optent, en fonction des parcours pour la voiture ou l’avion, notamment sur la ligne Paris-Milan avec sa vingtaine de vols quotidiens.
« Cet incident à cet endroit n’est pas le premier, et il y en aura d’autres à l’avenir », s’alarme Stéphane Guggino, le délégué général de La Transalpine, le club de collectivités et milieux économiques qui défend le futur Lyon-Turin, qui ne sera pas inauguré avant 2032 selon les prévisions actuelles. Sa partie centrale en chantier sera le plus long tunnel ferroviaire au monde, avec 57,5 km, moins soumis aux aléas naturels que la Maurienne.

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