Développé au 19e siècle, le dirigeable revient sur le devant de la scène à travers plusieurs projets en France et à l’international. Présenté comme une alternative plus durable aux avions, il pourrait permettre de transporter des voyageurs dès 2026. Ce moyen de transport du passé peut-il devenir le moyen de transport du futur ?

Au milieu des taxis volants, de l’Hyperloop, des avions supersoniques, des ballons stratosphériques, le dirigeable dénote lorsque l’on imagine le moyen de transport du futur. Il faut dire qu’il est plus probable de croiser ce type d’aéronef dans des récits steampunk qu’au salon du Bourget. Alors pourquoi ce moyen de transport fait-il à nouveau parler de lui ?

Rapide coup d’œil dans le rétroviseur
Pour comprendre pourquoi les dirigeables reviennent sur le devant de la scène, il faut d’abord comprendre pourquoi ils l’ont quitté quelques décennies plus tôt.
Le premier vol en dirigeable notable est l’œuvre de deux Français, Charles Renard et Arthur Krebs qui font voler l’aérostat « La France » au-dessus de la forêt de Meudon en 1884. Quelques années plus tard, en 1895, le Comte allemand Ferdinand Von Zeppelin dépose en un brevet affichant les bases de ce que sera le modèle des Zeppelins durant près d’un siècle : un dirigeable rigide en aluminium. En 1909, la première compagnie aérienne au monde à utiliser des aéronefs en service commercial, DELAG, voit le jour et transporte 33 000 passagers durant ses 5 années de fonctionnement.
L’entre-deux-guerres marque l’apogée du dirigeable et des aéronefs sortent de terre aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Europe. Les plus grandes puissances mondiales veulent posséder les dirigeables les plus performants afin de démontrer leur puissance militaire.
Le déclin de ces aéronefs « plus légers que l’air » commence quelques années après, dans les 30, à la suite de plusieurs évènements. D’abord, plusieurs crashs surviennent partout dans le monde, créant une méfiance dans l’imaginaire collectif. Mais c’est surtout le développement des avions, plus rapides, moins dangereux et plus intéressants commercialement, qui va mettre de côté les dirigeables. Ils tombent alors peu à peu dans l’oubli. Depuis les années 2000, quelques projets refont surface, mais ils servent principalement pour du fret.

La promesse d’un moyen de transport aérien décarboné
Si les dirigeables refont parler d’eux aujourd’hui, ce n’est pas pour des raisons militaires, mais plutôt pour des raisons écologiques. Fonctionnant à l’hélium, à l’hydrogène ou à l’énergie solaire, les nouveaux appareils décollent et volent sans consommer de carburant.
Le Français Euro Airship a mis au point un dirigeable fonctionnant avec deux sources d’énergie : le soleil et l’hydrogène. Le jour avec les capteurs solaires, la nuit avec des piles à combustible qui produiront l’énergie nécessaire pour voler 24h/24 à 130 km/h. Présenté lors de la dernière édition de Viva Tech, long de 151 mètres, le dirigeable est de type rigide et dispose d’un volume d’expansion de l’hélium de 53 000 m3.
En 2015, Sergey Brin, le cofondateur de Google, a créé la startup américaine LTA Research afin de construire un dirigeable fonctionnant à l’hélium, d’une longueur équivalente à deux Airbus A380. C’est le plus grand appareil à prendre le ciel depuis le dirigeable Hindenburg qui volait dans les années 1930. Douze moteurs électriques alimentés par des générateurs diesel et des batteries permettent le décollage et l’atterrissage verticaux. Ils peuvent propulser l’appareil jusqu’à 120 km/h.
Soutenue par le gouvernement, FLYING WHALES est une jeune entreprise française qui veut désenclaver certaines zones du territoire en permettant le transport de marchandises (bois, pales d’éoliennes, pylônes haute tension, etc.) via des dirigeables. L’entreprise utilise également l’hélium comme gaz porteur.
Hybrid Air Vehicles, une entreprise britannique, prévoit de transporter des personnes sur des itinéraires ruraux mal desservis. Alimenté par un moteur à combustion interne, le dirigeable tire également parti de la technologie utilisée dans les véhicules plus légers que l’air en utilisant de l’hélium pour créer une flottabilité. Bien que sa vitesse maximale ne soit que de 130 km/h, la société affirme que son appareil peut rivaliser avec les avions sur des trajets plus courts, en partie grâce à des temps de décollage et d’atterrissage plus rapides. De plus, il peut décoller de n’importe quel endroit suffisamment plat.

Une alternative aux avions ?
Lorsque nous l’avions interrogé en juin dernier, Marie-Christine Bilbow, Directrice Générale d’Euro Airship, affirmait que l’entreprise ne souhaitait pas « concurrencer les avions, mais créer une alternative plus durable ». Le retour du développement des dirigeables pour le transport de personnes pose en effet question.
Euro Airship envisage de commercialiser des vols grand public dès 2026. Plusieurs types d’expériences sont prévus : des « bateaux mouches de l’air » qui permettront de survoler des sites touristiques et de les observer à 360 degrés et des « croisières de l’air » qui proposeront de passer plusieurs jours à bord avec tout le confort nécessaire dans des cabines. Le prix d’un ticket pour un voyage d’une heure ? Environ 200 euros.
Cette manière de voyager, avec des temps de trajets plus longs mais un moyen de transport utilisé plus respectueux de l’environnement, s’inscrit dans de nouvelles attentes de consommation. Comme pour les trains de nuit qui font leur grand retour, le voyage commence dès le moyen de transport emprunté. Les récits de Jules Verne ont un nouvel écho, poussés par une nouvelle génération qui veut réduire son impact sur la Planète.
Reste à savoir si la technologie sera suffisamment performante pour transporter à nouveau des passagers dans des dirigeables. Si c’est le cas, les constructeurs devront avant tout rassurer les prochains « croisiéristes de l’air » sur la sécurité de ce type de voyage.

Lire l’article complet sur : www.tom.travel