C’est un sujet sur lequel le gouvernement fait l’objet de nombreuses critiques. Il a donc décidé d’organiser un débat sur la politique africaine de la France qui s’est tenu mardi à l’Assemblée nationale. L’Hexagone connaît en effet des déboires , notamment au Sahel où trois pays, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont connu des coups d’Etat et porté au pouvoir des juntes militaires hostiles à l’ancienne puissance coloniale. 

Dans un rapport parlementaire publié au début du mois , les deux auteurs, Michèle Tabarot (LR) et Bruno Fuchs (Modem), critiquaient l’aveuglement de la diplomatie française et de l’Elysée. Ils appelaient à clarifier l’action de la France au Sahel et en Afrique subsaharienne, souvent jugée contradictoire voire incompréhensible.

Une image d’Epinal
A la tribune de l’Assemblée, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s’est défendue de ces accusations. Elle a jugé qu’il n’était pas opportun de réduire l’Afrique aux trois pays du Sahel dans lesquels l’Hexagone rencontrait des difficultés. « Tout irait forcément mal en Afrique et la France serait forcément à la traîne », il s’agit « d’une image d’Epinal » , a répondu la ministre.
Grâce aux opérations militaires Servane puis Barkhane, la France « a évité que le Mali ne devienne un Etat terroriste », a-t-elle fait valoir. L’aide au développement française à ce pays, constituée à 80 % de dons, a atteint 3 milliards d’euros ces dix dernières années.

Le choix de Wagner
En ce qui concerne le Niger, « faire le choix de Wagner [ la milice russe accueillie dans le pays par les putschistes, NDLR], c’est faire le choix de la prédation économique et des crimes de guerre ». Pour elle, ce n’est pas tant la France qui est visée par cette prise de pouvoir que la communauté internationale dans son ensemble.
L’opposition a réagi à ces propos. Marine Le Pen, la première opposante à Emmanuel Macron, a vilipendé le fait qu’il « n’y avait plus de politique africaine de la France », reprenant par là les mêmes mots que le président de la République dans son discours de 2017 à Ouagadougou qui voulait rompre avec la Françafrique.

La France s’est « endormie dans son ancien pré carré »
Mais c’est l’intervention de Bruno Fuchs, un des auteurs du rapport, qui ressort le plus de ce débat. Parce que le parlementaire centriste, et donc globalement favorable à la politique d’Emmanuel Macron , se veut constructif et a appelé à regarder les échecs « avec lucidité ». « Nous n’avons pas vu ou voulu voir l’Afrique changer », a-t-il dit.
Depuis quinze ans, le continent est devenu « une terre attractive qui fait l’objet d’une compétition ». Résultat, la Chine est désormais le premier partenaire commercial des Africains, l’Inde progresse sur ces marchés et l’Allemagne « a réussi à pénétrer l’Afrique au même niveau que la France ». Pendant ce temps, comme le rapport parlementaire le mentionne, la France s’est « endormie dans son ancien pré carré, quand elle n’a pas déconstruit ce qui fonctionnait », notamment son réseau de coopérants.

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