« Eversy, c’est fini. Et on vous remercie pour tout. » L’ancien secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, a annoncé il y a quelques jours sur LinkedIn la fermeture de la plateforme de seconde main multiproduits qu’il avait lancée en mars dernier avec ses deux associés Thomas Papadopoulos et Ariane Vandenesch .
« Le voyage d’Eversy a été riche en apprentissages et découvertes. Même si nous n’avons pas rencontré le public espéré et malgré l’absence d’investissements financiers extérieurs, chaque pivot, chaque défi rencontré a été une occasion d’apprendre, de grandir et d’affiner notre compréhension du marché », a écrit le dirigeant.
Eversy s’était lancé dans la location de vacances, la mobilité durable (vélos, scooters…) et la décoration. Des segments dans lesquels la concurrence est rude (Airbnb, Leboncoin, Selency, Upway…) et les acteurs sont bien financés, ce qui leur permet de booster leurs dépenses en marketing. La start-up française misait sur deux facteurs différenciants : la sécurité – il était obligatoire de décliner son identité pour acheter ou vendre un produit – et une commission plus faible.
L’argument de la faible commission
Certaines plateformes multiplient les frais : commission pour le vendeur, commission pour l’acheteur, les frais de service… Sans compter l’affichage en hors taxes pratiquées par certaines d’entre elles et qui peut tromper le consommateur. Pour un achat de 100 euros par exemple, Eversy prélevait 7,2 % TTC contre 21,4 % pour Airbnb, 39 % pour Abritel ou encore 32,9 % pour Selency.
Autre critère important pour mettre en vente sur Eversy : la fabrication, la qualité et des critères environnementaux (pour la mobilité, pas de scooter thermique par exemple). Mais malgré ces arguments, il était difficile de se frotter à ces acteurs qui sont bien ancrés dans la tête des consommateurs. « La base d’une marketplace est que l’offre fait la demande. En dehors de ça, c’est difficile de lutter juste sur les commissions », souligne Marc Ménasé, fondateur du fonds de capital-risque Founders Future.
Certaines plateformes ont baissé leur prix depuis comme Selency (décoration) dont la commission de vente est passée de 25 à 15 %. « 100.000 produits déjà en ligne ont été concernés par notre baisse de commission et ont donc vu leur prix baisser d’au moins 10 % », indique la plateforme sur son site.
Mounir Mahjoubi n’en est pas à son premier échec ni à son premier succès. « La vie entrepreneuriale n’est pas un long fleuve tranquille, en vingt ans, il s’agit de la sixième entreprise que je crée et je suis à parité entre les succès et les échecs. Et je peux dire qu’à chaque fois, j’ai beaucoup appris et surtout, j’ai rencontré des gens exceptionnels », a-t-il écrit sur LinkedIn, en référence notamment à La Ruche qui dit Oui ! et l’agence Mounir & Simon.
L’ancien secrétaire d’Etat au Numérique va se consacrer à un autre sujet : l’intelligence artificielle. « Mes dernières expériences m’ont convaincu que ce que nous vivons depuis un an constitue un changement radical de paradigme pour notre économie et pour la société. Je vais donc mobiliser mon expérience et ma maîtrise des enjeux pour participer et structurer ce changement. Les besoins sont infinis », estime-t-il. Contacté, Mounir Mahjoubi n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
Leave A Comment