La France est au pied du mur. D’ici à 2030, la moitié des agriculteurs devraient partir à la retraite. « Ce constat est un défi, prévient Elisabeth Borne, la Première ministre, en introduction du plan présenté par le gouvernement ce vendredi. Si de nouvelles générations ne prennent pas le relais, c’est tout notre modèle agricole qui serait menacé. Nous avons besoin d’une réponse forte : c’est le sens du Pacte pour le renouvellement des générations en agriculture » souhaité par Emmanuel Macron, il y a un peu plus d’un an.
Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, s’est attelé à la tâche, de décembre à juin, en lançant un travail de consultation dans toute la France, dont il a présenté les conclusions ce vendredi lors d’un déplacement en Seine-Maritime.
Une partie de ce travail fera l’objet d’un projet de loi d’orientation, qui devrait être adopté en conseil des ministres le 17 janvier. L’examen parlementaire suivra au premier trimestre, avant ou après le Salon de l’agriculture, prévu fin février. Le syndicat des Jeunes agriculteurs s’est dit « heureux d’avoir été entendu ». Pour la Confédération paysanne, « le chantier a accouché d’une souris ».
Enseignants, chercheurs, associations de tous ordres, acteurs du conseil agricole, parlementaires, élus locaux, chambres d’agriculture, jeunes des écoles agricoles, professionnels agricoles, grand public ont été sollicités. Des dizaines de milliers de contributions ont été analysées afin de dégager un projet qui se veut consensuel sur la manière d’« adapter l’agriculture au changement climatique », « réaliser la transition écologique » et « renforcer la souveraineté alimentaire ».
La grande réconciliation
Comment former et installer une nouvelle génération d’agriculteurs à relever le gant, alors que leurs aînés cèdent pour partie au découragement devant la multiplication des contraintes et des mises en cause de plus en plus fréquentes de leur travail par les autres catégories socioprofessionnelles ?
Pour le gouvernement, il y a urgence à apaiser les esprits et c’est pourquoi le tout premier volet du Pacte est consacré à « la réconciliation de l’agriculture avec la société ». Plusieurs dispositions doivent y contribuer, parmi lesquelles le lancement, à la rentrée scolaire de 2024, d’un programme national de découverte des « métiers du vivant » destiné à provoquer « un choc d’attractivité ». Dès le primaire, chaque enfant bénéficiera au moins d’une action de découverte de l’agriculture. « Tous les collégiens et lycéens auront la possibilité de faire des stages immersifs ».
Pour retrouver la confiance dans l’alimentation , il est prévu de déployer une police unique de sécurité sanitaire des aliments dès le 1er janvier. Un projet en cours depuis 2022. Les inspections « de la fourche à la fourchette » seront augmentées de 80 %, grâce à un renfort de 190 personnes supplémentaires et une dotation de 38 millions d’euros. Afin de « repositionner l’agriculture comme un acteur clé de la décarbonation », le ministère prévoit de renforcer les connaissances et le suivi en créant « une instance qui éclaire les principaux décideurs en la matière autour de l’Inrae ».
Formation au changement climatique
Deuxième temps fort du Pacte, le gouvernement veut faire émerger ce qu’il appelle une « nouvelle génération d’agriculteurs à l’avant-garde de la transition alimentaire ». Pour les former, un millier d’experts dans des domaines jugés clés, comme l’hydraulique, la robotique et les agroéquipements, interviendront en soutien des enseignants agricoles et des experts.
Un « bachelor agro », Bac +3, sera créé pour renforcer l’aptitude des agriculteurs à des métiers de plus en plus complexes. A la rentrée, un programme sur trois ans renforcera une formation accélérée aux transitions écologiques des 50.000 professionnels qui conseillent actuellement les agriculteurs.
Le troisième temps fort du Pacte vise à « reconcevoir les systèmes de productions. Un réseau France services agriculture fera le lien unique entre installation et transmission. Tous les porteurs de projet devront faire appel à ce service. Un diagnostic modulaire est prévu à l’installation et à la transmission, afin de s’assurer de la viabilité des projets, notamment au regard des conditions pédoclimatiques » (qui concernent le climat du sol). Toute une panoplie de mesures est proposée pour faciliter la vie des agriculteurs, parmi lesquelles un service de remplacement, permettant de suivre des formations tout au long de la vie, et des prêts de 2 milliards d’euros garantis par l’Etat pour soutenir ceux qui prennent des risques en s’adaptant aux risques climatiques.
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