« Je dis toujours aux gens en France, en Europe, que l’avenir de Canal+ c’est l’Afrique. Et je crois que l’avenir du monde, c’est l’Afrique, et surtout dans notre secteur d’activité. » Maxime Saada, qui intervenait sur CNBC Africa, en est convaincu : l’Afrique peut être un eldorado.
Si elle aboutit, la tentative de la chaîne cryptée de racheter MultiChoice, son principal concurrent en Afrique, pourrait donner naissance à un nouveau leader de la télévision payante à l’échelle du continent. Le pari : surfer sur la croissance toujours importante des abonnements aux services de télévision à péage, le plus souvent via satellite.
Un marché en expansion
Aujourd’hui, la télévision payante est très présente sur le continent africain, en ville du moins. « L’ensemble des opérateurs comprenant Canal+, MultiChoice et les autres concurrents affichent des taux de pénétration autour de 50 % des foyers électrifiés [sur les pays où ils sont présents, NDLR]. On pense qu’à long terme ce pourcentage atteindra 80-90 % des foyers », explique Jacques du Puy, président de Canal+ International et membre du directoire de Canal+ Groupe.
Les opérateurs en Afrique sont portés par la croissance économique de plusieurs pays et les efforts d’électrification. Selon une récente étude du cabinet Digital TV Research, le nombre total d’abonnés à la télévision à péage en Afrique devrait passer à 55 millions en 2029, contre 43 millions l’an dernier. Sur ces 12 millions de nouveaux abonnés, la majorité (7 millions) le serait sur des offres de bouquets satellites, alors que le reste le sera grâce à la télévision numérique terrestre (TNT), un mode de connexion qui se répand dans les grandes agglomérations urbaines.
Coupe d’Afrique des nations
A court terme, la coupe du monde de football et la CAN (Coupe d’Afrique des nations, du football aussi) – qui se déroule actuellement – sont de très forts vecteurs d’abonnement, même si on assiste souvent à des vagues de désabonnement après ces grandes compétitions.
Dans ce marché en pleine expansion, deux grands acteurs se partagent le gâteau : Canal+ est en position de force dans l’Afrique francophone et MultiChoice dans l’Afrique anglophone. Mais le marché est encore très fragmenté dans chaque pays, et parmi les acteurs de l’audiovisuel certains ont pignon sur rue dans de nombreux pays. C’est le cas du chinois StarTimes.
Le défi du piratage
« Canal+ et Multichoice ont été les pionniers de la télévision à péage sur le continent. Des opérateurs locaux ont ensuite vu le jour : Malivision, Nerwaya au Burkina Faso, Media Plus au Togo, Excaf et Delta Net au Sénégal, etc… La libéralisation des ondes intervenue dans les années 2000 a été un accélérateur amplifié dans les années 2005 par l’avènement de la TNT », note Denise Epoté, directrice distribution, marketing et commercialisation chez TV5Monde.
Mais l’un des gros concurrents est avant tout le piratage. Ou le « Canal araignée », comme certains Africains l’appellent : une personne qui prend un abonnement et tire des câbles pour tout le quartier. « On lutte beaucoup contre ce fléau, que ce soit par des solutions techniques ou en installant des points de vente à proximité », reprend Jacques du Puy.
Si le marché payant est bien développé, c’est aussi parce que la TNT gratuite distribuée partout – comme en France – l’est moins. « La situation est très contrastée selon les pays. Par exemple, en Côte d’Ivoire, plusieurs chaînes ont été lancées dernièrement avec la TNT alors que pendant longtemps, on était à seulement deux, rappelle Arnaud Annebicque, directeur du département MetricLine de Médiamétrie. Mais il y a une vraie appétence pour le local. »
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