Après deux ans d’intenses et complexes négociations en coulisse, Yandex a enfin conclu un accord pour la cession de ses activités russes et par conséquent la scission de ses activités internationales. Une vente de 475 milliards de roubles, soit quelque 5 milliards d’euros. C’est la moitié de la valeur de ce groupe surnommé le « Gafa russe » ou le « Google russe ».

Les actionnaires étrangers de Yandex, qui contrôlaient jusque-là plus de 80 % du capital, ont dû obtenir l’aval de la commission spéciale créée par le gouvernement russe pour orchestrer le départ de sociétés détenues par des Occidentaux. Avec une règle imposée à tous : céder les actifs à des repreneurs russes avec une décote d’au moins 50 % de la valeur.

Rabais
De facto, c’est la plus grande sortie d’entreprise de Russie depuis février 2022 et le début de l’« opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine. Yandex, l’une des « success stories » de l’Internet russe depuis sa création en 1997 et son entrée à la Bourse de New York en 2011, avait vu sa capitalisation chuter à 6,8 milliards de dollars lorsque le Nasdaq a suspendu l’échange de ses actions au début du conflit.
Loin des 30 milliards de dollars un an avant. Vendu donc avec un très fort rabais par rapport à sa valeur réelle, le groupe est cédé pour moitié à Consortium First, un fonds détenu par le management du groupe et la branche d’investissements de Lukoil, le pétrolier russe, et pour l’autre moitié à trois hommes d’affaires russes (Alexander Chachava, Pavel Prass, Alexander Ryazanov). Aucun d’entre eux n’est visé par les sanctions occidentales.

Un fonds dans l’orbite de Lukoil
« Il s’agit probablement de l’une des transactions d’entreprise les plus compliquées de l’histoire », a confié aux « Echos » une source bien placée au sommet de Yandex. « Car nous naviguions en eaux doublement troubles : le champ de mines des sanctions occidentales toujours plus strictes contre Moscou ; mais aussi un environnement politique de plus en plus hostile en Russie même. » Allusion aux visées croissantes de l’Etat depuis longtemps sur Yandex, acteur clé de l’Internet russe et donc influent sur la société civile. Depuis deux ans, l’appétit s’était aiguisé chez de multiples prédateurs parmi les groupes d’Etat pour mettre la main sur le principal moteur de recherche du pays.
Le fondateur de Yandex, Arkady Volozh, qui a quitté la Russie pour Israël en 2014, a qualifié de « barbare » l’offensive russe en Ukraine, provoquant des appels à représailles de la part de certains proches du Kremlin. Ils espéraient une nationalisation de Yandex. Même si de nombreuses questions demeurent sur l’accord final, le groupe n’entre pas dans le giron étatique. Les nouveaux propriétaires récupèrent quelque 95 % des activités et recettes du groupe.

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