« Un nouveau cycle d’expansion et de récession du bitcoin est une perspective désastreuse. Les dommages collatéraux seront massifs. » Dans une note de blog publiée jeudi, deux membres de la Banque centrale européenne (BCE) chargent lourdement le bitcoin, dont ils dénoncent les « fausses promesses » et les multiples risques.

Selon Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf – respectivement directeur de l’infrastructure de marché et des paiements, et conseiller auprès de la banque centrale -, cet actif n’a aucune valeur intrinsèque. Certes, le prix du roi du marché des cryptos a grimpé en flèche à la faveur de l’approbation des premiers ETF sur le bitcoin au comptant par le gendarme financier américain : alors qu’il évoluait un peu en dessous de 17.000 dollars en décembre 2022, il a récemment dépassé les 57.000 dollars. Mais selon les auteurs, cette hausse pourrait s’avérer de courte durée.

« Valeur nulle »
« En l’absence de flux de trésorerie ou d’autres rendements, la juste valeur d’un actif est nulle », tranchent-ils. « Le niveau de prix du bitcoin n’est pas un indicateur de sa durabilité. » Non adapté à l’investissement, le bitcoin n’est, estiment-ils, pas plus efficace en tant que moyen de paiement, et n’a « pas tenu sa promesse d’être une monnaie numérique décentralisée à l’échelle mondiale. »
Le bitcoin reste en effet peu utilisé pour les paiements. Même au Salvador, où le gouvernement lui a accordé le statut de monnaie ayant cours légal, il n’a pas vraiment su s’imposer. Seuls 12 % des Salvadoriens interrogés dans le cadre d’une enquête de l’Université d’Amérique centrale ont indiqué avoir utilisé des bitcoins pour régler un achat en 2023. Le nombre de commerçants acceptant le bitcoin dans le monde reste modeste même s’il a triplé en 2023, selon les données de BTC Map, passant de 2.207 à quelque 6.000 en fin d’année.

« Monnaie du crime »
Au-delà de ses promesses non tenues, les auteurs dénoncent l’impact environnemental et social du bitcoin. Le minage, procédé permettant de sécuriser les transactions sur la blockchain, est en effet particulièrement gourmand en électricité et en eau : selon l’économiste Alex de Vries, chercheur à l’Université libre d’Amsterdam, chaque transaction en bitcoins en consomme en moyenne 16.000 litres.
Le bitcoin, et plus largement les cryptoactifs sont, du reste, pointés du doigt pour leur rôle dans le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme – les auteurs vont jusqu’à le présenter comme la « monnaie du crime ». Sur X (ex-Twitter) ce passage, notamment, a provoqué l’ire de certains membres de la cryptosphère. Ils dénoncent une mauvaise foi des auteurs, qui font état d’une hausse des montants blanchis en s’appuyant sur l’évolution constatée entre 2021 et 2022. Or, cette activité illicite, bien que très importante, était en baisse en 2023, selon la plateforme Chainalysis. Près de 22 milliards de dollars ont tout de même été blanchis par des « cryptocriminels », contre 31,5 milliards en 2022.

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